Grandement préoccupé par les conclusions d’une étude de l’Université de Colombie-Britannique selon laquelle les familles québécoises dépensent plus que la moyenne canadienne en soins privés, le SISP demande au ministre de la Santé d’agir sans délai pour freiner l’intrusion, de plus en plus systématique, du privé en santé.

Montréal, le 21 mars 2013. — Grandement préoccupé par les conclusions d’une étude de l’Université de Colombie-Britannique selon laquelle les familles québécoises dépensent plus que la moyenne canadienne en soins privés, le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) demande au ministre de la Santé d’agir sans délai pour freiner l’intrusion, de plus en plus systématique, du privé en santé. Cette tendance lourde confirme que la « privatisation passive », facilitée notamment par l’adoption des lois 33 et 34 et leur interprétation laxiste, a favorisé la création d’un système de santé à deux vitesses. « Cela contrevient aux principes fondamentaux d’universalité et d’accessibilité. Les soins de santé doivent être prodigués en fonction des besoins plutôt que de la situation économique des personnes malades », dénonce la porte-parole du SISP, Carolle Dubé.
Le privé : un remède qui fait plus de mal que de bien
Ainsi que le dévoilait Le Devoir dans son édition d’hier, les dépenses des ménages québécois en soins privés, estimées à près de 1700 $ par année, vont croissant. Entre 1978 et 1997, elles ont progressé de 1,3 % et elles ont plus que doublé (2,8 %) au cours de la dernière décennie, et ce, même en tenant compte de l’inflation. Pis encore, selon l’étude pancanadienne, les familles à faible revenu sont 6 fois plus susceptibles de consacrer 10 % et plus du revenu familial net que les familles les mieux nanties. Selon les calculs du SISP, près de 205 000 ménages seraient dans cette situation au Québec, un nombre en nette progression depuis 1998. Près de 28 000 d’entre elles consacreraient même au-delà de 25 % du revenu familial. « Les ménages de la classe moyenne et les plus démunis font cruellement les frais de ce système à deux vitesses. Les tenants du privé en santé ont toujours allégué que cela allégerait les listes d’attente du public. On constate que c’est faux. Les ressources humaines et matérielles déjà rares dans le public sont de plus en plus drainées vers le privé. À qui cela profite-t-il? Aux entrepreneurs de la santé et aux compagnies d’assurances privées ».
L’urgence d’agir
Le ministre de la Santé déclarait hier à La Presse canadienne sa volonté de « limiter le recours au privé » et de « reprendre dans le public un certain nombre d’interventions diagnostiques et thérapeutiques », ajoutant que cette opération se réaliserait « sur un horizon de quelques années ». Pour le SISP, il est clair que le gouvernement ne peut attendre aussi longtemps avant d’agir : « Notre réseau public de santé est menacé et il ne doit pas être laissé aux diktats du marché. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où seuls les mieux nantis auraient un accès rapide aux soins au détriment des plus malades et des plus démunis de notre société », conclut Carolle Dubé.
À propos du SISP
Le SISP regroupe 285 000 membres issus de quatre organisations syndicales (CSQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont la majorité provient des secteurs public, parapublic et péripublic. La mission première du Secrétariat s’articule autour de la défense et de la promotion des services publics offerts à la population québécoise. Par leurs actions concertées, la CSQ, le SFPQ, l’APTS et le SPGQ souhaitent favoriser l’accès à des services publics de qualité, et ce, sur l’ensemble du territoire québécois.