« Les orientations du gouvernement Couillard, depuis son arrivée au pouvoir, sont indécentes. Il s’est lancé dans une véritable révolution du rôle de l’État au profit du secteur privé, ce qui va faire mal à la classe moyenne et aux gens les plus vulnérables. Si nous ne l’arrêtons pas, il va causer des dommages considérables à notre société, des dommages qui auront de sérieuses répercussions également sur les générations futures. »

Montréal, le 3 janvier 2016. – « Les orientations du gouvernement Couillard, depuis son arrivée au pouvoir, sont indécentes. Il s’est lancé dans une véritable révolution du rôle de l’État au profit du secteur privé, ce qui va faire mal à la classe moyenne et aux gens les plus vulnérables. Si nous ne l’arrêtons pas, il va causer des dommages considérables à notre société, des dommages qui auront de sérieuses répercussions également sur les générations futures. »
La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, a profité de sa première conférence de presse de l’année pour lancer un appel à celles et ceux qui sont préoccupés de justice sociale, afin qu’ils joignent leurs efforts, au cours des prochains mois, pour combattre la vision de ce gouvernement « qui affaiblit tout ce qui est public ».
« Alors que nous devrions normalement pouvoir compter sur notre gouvernement pour défendre notre État et les services publics qui lui donnent son sens, c’est tout le contraire qui se produit. Le gouvernement Couillard néglige nos services publics. Après avoir étranglé financièrement nos systèmes publics d’éducation, de santé et services sociaux et de petite enfance, sans justification réelle, ce gouvernement refuse maintenant de réinvestir alors qu’il dispose des marges de manœuvre financières pour le faire. Son entêtement n’a rien à voir avec l’état des finances publiques, mais plutôt avec un préjugé favorable au secteur privé », constate Louise Chabot.
« Au cours des derniers mois, nous nous sommes battus pour que les employés de l’État obtiennent des conditions de travail décentes et pour protéger nos services publics. En décembre, nous avons finalement obtenu une entente de principe recommandée par nos instances pour décision en assemblées générales en janvier. La lutte contre l’austérité, contre la privatisation et contre les compressions est loin d’être terminée. Nous poursuivrons donc la mobilisation en 2016 afin de protéger nos services publics et d’en contrer le démantèlement », ajoute la présidente.
Quand le gouvernement redéfinit l’État… sans consultation
La présidente de la CSQ soutient que les mesures d’austérité adoptées par Philippe Couillard et Martin Coiteux, qui ont des impacts dans l’ensemble des ministères, vont beaucoup plus loin que le rééquilibrage des finances publiques.
« Comme l’a démontré Éric Martin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), MM. Couillard et Coiteux sont engagés dans une vaste opération de remodelage de l’État québécois, pour réduire sa taille afin de s’en remettre davantage au libre marché et à l’entreprise privée. En bout de piste, sous prétexte de faire des économies, ce gouvernement est en train de privatiser des pans importants de notre bien commun. Qu’on pense notamment à ce qui se passe dans les services de garde, en santé ou en éducation, et ça continue comme ça ailleurs dans l’appareil de l’État », dénonce Louise Chabot.
Le règne du chacun pour soi
Elle reproche au gouvernement Couillard de sombrer dans une dérive, abandonnant la défense des droits collectifs, devoir et responsabilité propres à l’État, pour faire la promotion d’une liberté illusoire et des droits individuels.
« La révolution que veut nous imposer le gouvernement, ce n’est ni plus ni moins que le règne du chacun pour soi au nom d’une supposée liberté, qui perd tout son sens à partir du moment où certains n’ont plus les moyens de s’instruire, de se faire soigner, ou d’aller travailler parce qu’ils sont incapables de payer le service de garde. La place de plus en plus grande qu’occupe le privé menace l’accessibilité universelle à nos services publics. Une liberté sans moyens, c’est un leurre », ajoute la présidente de la CSQ.
La réalité niée au nom de l’idéologie
La leader syndicale juge particulièrement consternant l’aveuglement volontaire dont fait preuve ce gouvernement en voulant réduire les dépenses à tout prix, sans tenir compte de la réalité et des conséquences pour les personnes touchées. « C’est ce qui se passe dans les CPE, alors qu’on généralise un mode de financement qui favorise le privé au détriment de l’universalité. C’est ce qui se passe dans le milieu de la santé, avec les frais accessoires et avec la situation sur le territoire de la Baie-des-Chaleurs par exemple, où les soins à la population sont réduits au nom de l’équilibre budgétaire. C’est ce qui se passe avec le projet de loi no70 qui attaque notamment les prestataires d’aide sociale, parmi les plus démunis. Et c’est ce qui se passe en éducation, quand le gouvernement se targue d’investir 80 millions après avoir fait des compressions de près d’un milliard de dollars! Ces décisions sont profondément troublantes. »
La démocratie sacrifiée
D’autre part, outre les compressions budgétaires, Louise Chabot dénonce le rapetissement de la démocratie auquel nous assistons actuellement au Québec : « Dans sa révolution étatique, ce gouvernement est en train de réduire de façon notable les structures démocratiques de notre société. Pensons aux centres locaux de développement (CLD), aux conférences régionales des élus (CRÉ), aux conseils d’administration de nos établissements de santé et aux conseils des commissaires scolaires. En parallèle, il y a concentration du pouvoir entre les mains des ministres concernés, ce qui est extrêmement inquiétant. On se retrouve avec un état de moins en moins démocratique et de plus en plus autoritaire ».
C’est ainsi qu’on a retiré aux régions les moyens dont elles ont besoin pour assurer leur développement socio-économique, tout en abolissant leurs structures démocratiques de concertation : « Comble de l’ironie, après que son gouvernement se soit comporté ainsi, Philippe Couillard poussait l’audace, lors du dernier sommet socio-économique du Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, jusqu’à recommander aux décideurs régionaux de prendre leur destin en main… », ajoute la présidente.
Une lutte à livrer au nom des droits collectifs
Pour l’ensemble de ces raisons, la présidente de la CSQ croit que de la même manière que les organisations syndicales, sociales et communautaires ont combattu le gouvernement Harper, elles doivent maintenant se mobiliser pour arrêter les réformes de droit du gouvernement Couillard.
En terminant, la CSQ tient à souligner son appréciation positive concernant plusieurs décisions prises par le nouveau gouvernement du Parti libéral du Canada visant à renverser les mauvais choix du gouvernement Harper, notamment en abrogeant les lois antisyndicales et en lançant une consultation auprès des familles des femmes autochtones disparues ou assassinées.
Dossiers prioritaires pour la CSQ en 2016 :
– Négociations du secteur public à finaliser
– Lutte contre l’austérité
– Projet de loi no86 sur la gouvernance des commissions scolaires
– Lutte contre la privatisation des services de garde
– Frais accessoires en santé
– Rendez-vous CSQ en éducation sur l’égalité des chances
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 dans le secteur public. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.