Société

Guerre commerciale : fin de la mesure élargissant l’accès à l’assurance emploi

14 octobre 2025

Alors que la guerre commerciale avec les États-Unis provoque des perturbations économiques et une hausse du chômage, les grandes centrales syndicales québécoises et les groupes de défense des sans-emploi sonnent l’alarme. L’expiration de la mesure élargissant l’admissibilité à l’assurance-emploi arrive au pire moment, préviennent-ils.

Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ

Un recul en pleine tempête économique

Pour le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), la fin de cette mesure temporaire d’ajustement du taux de chômage réduira l’accès à l’assurance-emploi pour des travailleuses et travailleurs qui en ont véritablement besoin. Selon eux, la reconduction de mesures comme celle sur le « délai de carence » ne répond qu’à un minimum des besoins.

« En campagne électorale, Mark Carney avait conservé la position des Libéraux des dernières années, promettant de renforcer le filet social et une assurance-emploi mieux adaptée aux réalités du travail. Or, non seulement n’y a-t-il aucune réforme du programme, mais son gouvernement recule sur la seule mesure qui permettait d’élargir l’accès à l’assurance-emploi dans un contexte d’insécurité économique provoquée par la guerre commerciale avec les États-Unis », ont déclaré Selma Lavoie et Milan Bernard, co‑porte‑paroles du CNC.

« Comme si ce n’était pas assez, la nouvelle mesure introduite ne s’applique qu’aux “travailleurs de longue date” et risque bien de laisser tomber celles et ceux avec des emplois précaires et vulnérables, comme les travailleuses et travailleurs saisonniers, les employées et employés contractuels et à temps partiel, les jeunes et les nouveaux arrivants, de même que certains secteurs importants de l’économie. »

Un appel pressant à une réforme durable

Le MASSE dénonce un recul inacceptable et demande une réforme en profondeur. « Ça fait des années que les groupes syndicaux, communautaires et sociaux se mobilisent pour exiger une réforme en profondeur du régime d’assurance-emploi. Trop de travailleuses et de travailleurs sont exclus d’emblée du régime. Favoriser l’admissibilité, c’est la clé. Alors, pourquoi retirer la seule mesure facilitant l’accès au régime depuis longtemps? Exiger un meilleur filet social, c’est faire un pas concret – et essentiel – vers un régime réellement universel, accessible, juste et non discriminatoire. Le gouvernement fédéral ne peut plus faire semblant en instaurant des mesures temporaires à la pièce. Il doit agir, maintenant! », dénonce Michael Bizzarro, co-coordinateur du MASSE.

Soutenir aussi les travailleuses et travailleurs

Les quatre grandes centrales syndicales québécoises joignent leurs voix pour exiger du gouvernement qu’il appuie concrètement celles et ceux qui subissent les contrecoups de la guerre commerciale.

« Avec la guerre commerciale qui fait rage, les centrales syndicales du Québec demandent au gouvernement Carney de ne pas se limiter à soutenir seulement les entreprises, mais aussi les travailleuses et les travailleurs dans les secteurs affectés. Dans cette optique, il faudrait notamment hausser les prestations d’assurance-emploi et augmenter les transferts fédéraux relatifs à la formation afin de donner un réel appui aux principales victimes de cette guerre qui perdure malgré les efforts de trouver un terrain d’entente avec Donald Trump », affirment Luc Beauregard de la CSQ, Luc Vachon de la CSD, Caroline Senneville de la CSN et Denis Bolduc de la FTQ.

Des propositions claires sur la table

La coalition rappelle avoir déjà présenté, en février 2025, une série de mesures à mettre en place pour rendre le régime plus juste et plus accessible :

  • Une norme universelle d’admissibilité de 420 heures;
  • Une augmentation du montant des prestations et un seuil plancher fixé à 500 $;
  • Que l’exclusion pour fin d’emploi invalide ne s’applique qu’au dernier emploi occupé;
  • La pérennisation de la mesure permettant de recevoir des prestations plus tôt en simplifiant les règles liées aux indemnités de départ.

Un message clair avant le budget

Les syndicats et groupes de défense exhortent le gouvernement fédéral à inclure ces réformes dans le budget du 4 novembre prochain. Ils réclament un régime d’assurance‑emploi réellement universel, accessible et juste, capable de protéger toutes les personnes qui perdent leur emploi, quelle que soit leur situation.