Les maux de la langue

Grièvement et gravement : interchangeables?

2 mars 2017

Ces deux adverbes constituent des paronymes, c’est-à-dire que ce sont des mots qui se ressemblent quant à la prononciation et à l’orthographe, mais qui diffèrent quant au sens. Cette ressemblance peut prêter à confusion et faire en sorte qu’un mot est employé à la place de l’autre. On trouve, dans cette catégorie, évoquer et invoquer, hiberner et hiverner, prescrire et proscrire, effraction et infraction, et plusieurs autres.

Ces deux adverbes constituent des paronymes, c’est-à-dire que ce sont des mots qui se ressemblent quant à la prononciation et à l’orthographe, mais qui diffèrent quant au sens. Cette ressemblance peut prêter à confusion et faire en sorte qu’un mot est employé à la place de l’autre. On trouve, dans cette catégorie, évoquer et invoquer, hiberner et hiverner, prescrire et proscrire, effraction et infraction, et plusieurs autres.
Pour en revenir aux deux adverbes qui nous occupent, ils peuvent être source d’erreur, mais sont aussi partiellement interchangeables. Le plus polyvalent est gravement, qui signifie « sérieusement, solennellement », mais aussi « d’une manière importante, dangereuse ».
Exemples :
Elle écoutait gravement les paroles de l’orateur.
Cette industrie a gravement pollué la rivière qui la borde.
Sa voiture est gravement endommagée.
Les patients de cette aile sont gravement blessés.
Ce médicament l’a rendu gravement malade.
Grièvement, lui, a vu son sens rétrécir au fil du temps pour se limiter aujourd’hui à « de façon grave », mais seulement lorsqu’il est question d’une atteinte physique. De plus, il accompagne uniquement des verbes tels que blesser, bruler, toucher et atteindre, toujours dans ce sens.
Exemples :
Les patients de cette aile sont grièvement blessés.
Grièvement touché, il a quand même réussi à s’enfuir.
Ainsi, grièvement peut toujours être remplacé par gravement, alors que l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Dans cet ordre d’idées, la Banque de dépannage linguistique déconseille l’emploi de grièvement malade. Gravement malade est l’expression à privilégier.
Saviez-vous que…?
L’expression battre son plein provient de la langue des marins. C’est en effet le moment où la marée, ayant atteint son point le plus haut, demeure un temps stationnaire. On retrouve la même image lorsqu’il s’agit d’un évènement, comme une fête. On dit que celle-ci bat son plein lorsqu’elle arrive à son moment le plus intense, est à son point de plus grande activité. Cette expression peut aussi signifier qu’une activité est en cours. Il peut s’agir d’un festival, d’une course à la chefferie, d’un solde, etc. Et au pluriel? Elle s’accorde : les négociations battent leur plein.
Martine Lauzon
Réviseure linguistique