Éducation, International

Grève des profs en Alberta : un combat pour l’éducation publique

15 octobre 2025

Alors que des dizaines de milliers d’enseignantes et d’enseignants de l’Alberta affrontent le gouvernement provincial dans une négociation tendue, la mobilisation s’étend au-delà des lignes de piquetage. Pour l’Alberta Teachers’ Association (ATA), il s’agit avant tout de défendre la valeur de l’éducation publique et de protéger un service essentiel menacé par les politiques d’austérité.

Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ

Au moment de publier cet article, les enseignantes et enseignants représentés par l’ATA en sont à leur 9e jour de grève. Au cœur de la crise, les profs albertains font face, comme ici, à des classes surchargées, à une hausse des élèves à besoins particuliers, à une charge de travail élevée (plus de 46 heures de travail par semaine), à une disparité importante entre Edmonton et les régions. Le gouvernement albertain invoque la rigueur budgétaire pour limiter les investissements, tout en maintenant la pression sur les services publics.

Pour Robert Mazzotta, secrétaire exécutif de l’ATA, la situation exige une réponse collective. Il rappelle à plusieurs reprises l’importance d’investir dans les services publics et dans le travail des enseignantes et enseignants. Il souligne que les compressions répétées et les retards dans le financement ont fragilisé le système éducatif au point de mettre en péril l’équilibre même des écoles.

Défendre le bien commun

Pour Robert Mazzotta, l’éducation publique doit demeurer un pilier du bien commun. Le représentant de l’ATA insiste sur l’importance de protéger le système public contre les logiques de marché et les influences idéologiques venues d’ailleurs.

Son rappel du rôle social de l’école est sans équivoque : les services publics doivent être soutenus et respectés, parce qu’ils assurent la cohésion et l’égalité des chances. Derrière chaque négociation, derrière chaque débat budgétaire, il y a la qualité de l’enseignement offert aux enfants qu’il ne faut pas oublier.

Le respect du métier en jeu

Pour les membres de l’ATA, la négociation en cours n’est pas qu’une question de salaire ou de clauses contractuelles : c’est une lutte pour la reconnaissance du travail des enseignantes et enseignants. L’accumulation des tâches, la complexité grandissante des besoins en classe et la perte de pouvoir d’agir minent la profession.

L’organisation syndicale réclame non seulement de meilleures conditions de travail, mais aussi une reconnaissance institutionnelle du rôle des enseignantes et enseignants dans la société. L’école publique ne peut fonctionner sans que les personnes qui la font vivre soient respectées, écoutées et soutenues.

Un appui essentiel

Dans le contexte actuel, cette solidarité interprovinciale prend une dimension politique : elle témoigne d’un mouvement pancanadien de résistance aux politiques de privatisation et de sous-financement.

Robert Mazzotta a exprimé sa gratitude envers toutes celles et tous ceux qui, au Canada, manifestent leur appui au mouvement des enseignantes et enseignants albertains. Il rappelle que les luttes locales, même séparées par des kilomètres, partagent une même finalité : préserver un système éducatif universel, équitable et de qualité.

Il constate que les pressions exercées sur les syndicats et les services publics dépassent largement les frontières de sa province. Les politiques d’austérité, les réformes imposées sans consultation et les tentatives de restreindre la portée des revendications syndicales s’inscrivent dans une même tendance : réduire le rôle collectif de l’État.

Tenir bon pour l’avenir

Pour Robert Mazzotta, l’éducation publique mérite d’être défendue avec la même énergie que les autres services essentiels. Chaque enseignante et enseignant qui se tient debout le fait non seulement pour ses conditions de travail, mais pour les générations futures.

La mobilisation en Alberta illustre un mouvement plus large : celui des travailleuses et travailleurs du savoir qui refusent que leurs écoles deviennent des lieux d’expérimentation budgétaire ou idéologique.

Parce que partout au pays, une même idée rassemble les éducatrices et éducateurs : défendre l’école publique, c’est défendre la société qu’elle rend possible.

Pour appuyer les grévistes albertains, vous pouvez envoyer vos messages d’appui à reception@ata.ab.ca