Enseignement supérieur
Fondateurs de la FPPC-CSQ, deux passionnés se racontent
15 mai 2024
La Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) soulignait, lors de son congrès qui avait lieu la semaine dernière à Drummondville, son 50e anniversaire. L’occasion était fort belle pour Ma CSQ d’aller à la rencontre de deux membres fondateurs de la fédération.
Par Gabriel Danis, conseiller CSQ
S’entretenir avec messieurs Raymond Desjardins et Jean-Luc Lavoie s’apparente à un véritable cours d’histoire du réseau collégial. De fait, ils ont été aux premières loges tant de la création des cégeps que de la naissance du rôle des professionnelles et professionnels au collégial. « La naissance des cégeps demeure une des périodes les plus intéressantes de nos carrières. Tout était à faire, à créer et il y avait un sentiment de famille qui unissait tout le personnel d’un même établissement », se souviennent les deux hommes maintenant à la retraite.
Se syndiquer pour exister
La création de la fédération est intimement liée à la volonté de syndicalisation du personnel professionnel des collèges. « Avant 1974, les professionnels des cégeps n’étaient pas syndiqués du tout, si bien que nous avions très peu de poids et peu d’écoute de la part du gouvernement. Nous avons décidé de changer les choses en nous syndiquant et en créant la fédération qui réunissait 171 membres de 7 cégeps », explique Jean-Luc Lavoie.
« Avant cette date, nous n’avions aucun rapport de force, c’est comme si nous n’existions pas dans le réseau. Qui plus est, les conditions de travail étaient décrétées par le ministère de l’Éducation. On n’était pas reconnus comme groupe : en fait, on était des sans-papiers! », témoigne Raymond Desjardins.
Avec la syndicalisation est venue une identité professionnelle plus assumée et surtout, la fin de l’ambiguïté qui persistait entre les postes de cadres et ceux de professionnelles et professionnels. « Nous avions enfin trouvé notre place et la reconnaissance de notre travail s’en est suivie », ajoute Jean-Luc Lavoie
Le choix de la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ)
Jean-Luc Lavoie, qui a été membre syndiqué engagé de la fédération pendant de nombreuses années, explique pourquoi les professionnelles et professionnels ont privilégié la CEQ : « À l’époque, deux choix s’offraient à nous : la CEQ ou la CSN. Comme plusieurs d’entre nous avaient déjà travaillé comme enseignants dans le réseau scolaire et que la fédération à la CEQ ne serait composée que de professionnels du réseau de l’éducation, la décision s’est prise tout naturellement. »
Une délégation très masculine
Lors de la création de la fédération, les 4 et 5 octobre 1974, il n’y avait que deux femmes sur 27 délégués. De plus, les cinq premiers élus du conseil exécutif, dont faisait partie Raymond Desjardins, étaient des hommes. « Ça reflétait sensiblement le déséquilibre qu’on voyait dans les cégeps. Très peu de femmes occupaient des postes de professionnelles à l’époque. Heureusement, les choses ont bien changé depuis! » s’exclame-t-il.
Deux passionnés de l’éducation
Signe qui ne ment pas, Raymond Desjardins et Jean-Luc Lavoie, qui ont tous deux été des aides pédagogiques individuels (API), ont respectivement œuvré dans le domaine de l’éducation jusqu’à l’âge de 75 et 77 ans! « J’ai tellement adoré ma profession et être à l’écoute des étudiants, que j’ai continué à travailler 20 ans après avoir pris ma retraite », souligne en riant Jean-Luc Lavoie.
Quant à Raymond Desjardins, il a conclu son allocution au Congrès de la FPPC-CSQ ainsi : « J’y étais pour les « noces de rubis », il y a 15 ans à Shawinigan, et j’espère bien y être aussi pour les « noces de diamant » en 2034. Je n’aurai alors que 95 ans! »
À n’en point douter, nos deux émérites collègues peuvent maintenant profiter, avec le sentiment du devoir accompli, d’une retraite amplement méritée!