Montréal, le 6 janvier 2022. – Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, aborde la nouvelle année 2022 avec l’intention de faire du syndicalisme autrement. Les relations entre le gouvernement et les syndicats ont été plutôt difficiles en 2021. Dans le secteur public et en petite enfance, les négociations ont été teintées par un climat acrimonieux et les conflits ont escaladé.

Pour le leader syndical, le sempiternel « psychodrame » des négociations entre l’État et ses employés peut et doit cesser. « Ce que je vois au quotidien, ce sont des gens motivés, qui ont des solutions à apporter, des propositions à faire, des idées pour innover. Et des bonnes, en plus! Nous travaillons à les mettre davantage de l’avant, à en parler plus et mieux. Mais il est aussi vrai que, bien souvent, il y a un contre-courant qui nous ramène à un point de départ assez suranné. Placer constamment les organisations syndicales dans la petite boîte rigide des “syndicaleux chialeux”, il me semble qu’en 2022, on pourrait passer à autre chose! »

Éric Gingras soulève donc la question suivante : comment faire du syndicalisme autrement avec un gouvernement qui fait de la vieille politique?

« Soyons francs, la crédibilité et le leadership des organisations syndicales tiennent à leur capacité de promouvoir nos idées, qui sont dans l’intérêt commun justement, aux solutions et aux propositions qu’elles mettent de l’avant. Ils tiennent aussi à leur capacité de mobilisation. Et ce contre-pouvoir-là dérange, poursuit le président de la CSQ.

« Ce qu’on a vu, dans la dernière année, c’est un gouvernement qui a choisi la voie des vieilles tactiques, soit de placer les organisations syndicales en opposition au bien commun par différentes stratégies, certaines plutôt douteuses d’ailleurs. Mais le vernis commence à craquer. » Il rappelle, par exemple, que l’imposition de nouvelles conditions salariales aux éducatrices, en marge de la négociation de l’ensemble du personnel des centres de la petite enfance, était une réponse aux grèves et une stratégie du gouvernement pour freiner leur mobilisation, qui avait l’assentiment de l’opinion publique.

À peine conclues, les négociations reprennent

Le président de la CSQ estime que les choses peuvent se dérouler autrement, et, en ce début d’année, il tend la main au gouvernement pour adopter une approche plus positive avec les organisations syndicales, particulièrement dans la recherche de solutions concrètes aux importants défis à surmonter qui attendent le Québec.

L’encre des signatures au bas des conventions collectives du personnel de l’éducation, de la santé et de l’enseignement supérieur est à peine sèche qu’une nouvelle ronde s’amorcera dans les prochains mois. Et, au cœur des enjeux, se trouve inévitablement la question de la pénurie de main-d’œuvre.

« Nos membres ont été très clairs : les salaires, c’est une chose, mais la pénibilité de la tâche et la surcharge sont des enjeux cruciaux pour une majorité d’entre eux. Nous devrons trouver des solutions parce que les derniers mois ont aussi clairement démontré qu’il s’agit d’un facteur d’exode du personnel dans nos réseaux », précise le dirigeant de la Centrale, en invitant le gouvernement Legault à saisir l’occasion d’une nouvelle année pour repartir sur de nouvelles bases dans son approche avec les organisations syndicales.

« Et je ne parle pas, ici, de simplement s’asseoir avec les organisations syndicales comme un passage obligé, mais bien d’écouter et de prendre en considération l’eau qu’on amène au moulin. »

De nouvelles réalités à mieux encadrer

Éric Gingras soutient que, si l’on veut éviter la menace de bris de services dans l’avenir, il faut dès maintenant oser s’asseoir ensemble, à une même table, et identifier des solutions réelles à nos problèmes communs, mais également aux nouvelles réalités qui se dessinent devant nous.

« Je pense particulièrement à la question du télétravail, qui est devenue omniprésente dans nos vies avec l’éclosion de la pandémie, notamment l’enseignement à distance, qui a des impacts sur le personnel enseignant de même que sur les élèves. Ces nouveaux phénomènes, dans le monde du travail, nous ont été imposés du jour au lendemain, sans que nous ayons eu le temps de nous pencher sur leurs conséquences. Le temps me semble venu pour qu’on regarde de plus près la situation pour mieux encadrer et humaniser ces nouvelles approches », plaide le président de la CSQ.

Se préparer pour une prochaine crise sanitaire

Un autre grand sujet qui tient à cœur à Éric Gingras est celui des leçons à tirer de la crise sanitaire.

« Nous l’avons vu : la crise sanitaire nous a tous pris par surprise, à commencer par le gouvernement, et il est clair que nos services publics n’étaient pas prêts à faire face à une telle agression. Ce sont des milliers de nos aînés qui ont payé de leur vie pour l’état de vulnérabilité dans lequel se trouvait notre réseau de santé. Il ne faut jamais plus revivre un pareil drame et, pour l’empêcher, il faut s’y préparer dès maintenant », clame le président de la CSQ, tout en rappelant que la CSQ joint sa voix aux nombreuses autres qui réclament une enquête publique pour comprendre ce qui s’est passé et tirer les leçons nécessaires pour l’avenir.

Le président de la CSQ termine en réitérant qu’il est grand temps d’engager un nouveau dialogue. « À la CSQ, nous en sommes là, mais ça ne peut pas se faire seul. Je fais le pari que nous sommes capables, syndicats et gouvernement, d’établir un nouveau type de relations. Je suis convaincu que nous en sortirions tous gagnants, nos membres comme l’ensemble de la société québécoise. L’heure doit être à la solidarité, au sens large et social du terme », de conclure Éric Gingras.