Sept-Îles, le 31 janvier 2018. – Face à la détérioration constante des conditions de travail de ses membres sur la Côte-Nord, aux effets sur leur santé et aux conséquences de cette situation sur les services offerts à la population, le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), appuyé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), adressera officiellement, au cours des prochaines heures, un signalement de maltraitance organisationnelle au commissaire local aux plaintes de la Côte-Nord.
La présidente du SIISNEQ-CSQ, Nathalie Savard, a profité d’une manifestation qui s’est tenue aujourd’hui lors du conseil d’administration du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord (CISSS Côte-Nord) pour en informer les administrateurs, notamment le président-directeur général, Marc Fortin.
« La détérioration des conditions de travail des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes a atteint un tel point que ça ne peut plus continuer ainsi. Le démantèlement et l’instabilité des équipes de soins, ajoutés au manque criant de ressources, pèsent de plus en plus lourd sur nos membres. On le voit par une hausse importante du temps supplémentaire obligatoire, du recours à la main-d’œuvre indépendante, de l’assurance salaire, des cas de santé et sécurité au travail ainsi que des incidents et des accidents lors de la prestation des services de santé. Il faut s’inquiéter sérieusement des conséquences de l’épuisement et de l’instabilité des équipes sur la prestation sécuritaire des soins », dénonce Nathalie Savard.
La prestation sécuritaire des soins mise en péril
La présidente du SIISNEQ-CSQ rappelle que Québec a adopté, en mai dernier, une loi obligeant les CISSS et les CIUSSS à se doter et à mettre en œuvre une politique de lutte contre la maltraitance d’ici le 30 novembre 2018.
« Cette politique doit établir les mesures visant à prévenir la maltraitance, à lutter contre celle-ci et à soutenir les personnes dans toute démarche entreprise afin d’y mettre fin. Malheureusement, certaines situations causant du tort ou de la détresse aux patients sont directement liées au manque de personnel et aux difficultés organisationnelles, comme c’est le cas sur la Côte-Nord. Les administrateurs et la direction du CISSS ont donc l’obligation de prendre les mesures qui s’imposent pour restaurer une organisation du travail saine », explique Nathalie Savard.
Non à plus de mobilité et de flexibilité
Dans ce même esprit, la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, soutient que le CISSS doit mettre fin à ses tentatives d’accentuer la mobilité et la flexibilité du personnel. « Les travailleuses et les travailleurs de la santé ne sont pas des pions qu’on peut déplacer à sa guise sur un vaste territoire comme la Côte-Nord. Ce sont des êtres humains qui ont droit à des conditions de travail décentes. L’épuisement des membres a atteint un seuil historique qu’il faut rapidement corriger. Nous avons un message très clair pour les administrateurs du CISSS et les dirigeants : pas question qu’on promène les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes aux quatre coins de la région comme des touristes! », prévient Claire Montour.
Une signature à respecter
Elle rappelle d’ailleurs que la convention collective, signée conjointement par les représentants du personnel et de l’employeur, ne permet pas le recours à plus de mobilité et de flexibilité. « L’employeur a signé la convention collective et le minimum que nous attendons de lui est qu’il respecte sa signature. Le CISSS Côte-Nord a l’obligation d’assurer l’accès à des soins de santé de qualité sur son territoire, et ce, dans le respect des salariés et de leur santé », somme la présidente de la FSQ-CSQ.
Des administrateurs rappelés à leurs devoirs
Pour sa part, la vice-présidente de la CSQ, Sonia Éthier, rappelle aux administrateurs et dirigeants du CISSS Côte-Nord que leur premier devoir est envers leur population.
« Les compressions budgétaires récurrentes et les diverses mesures d’austérité sont directement responsables du déficit structurel qui hypothèque année après année la qualité et l’accessibilité des soins de santé dans les régions. Plutôt que d’endosser aveuglément les cibles budgétaires de Québec, sans égard aux conséquences sur le personnel et les services dus à la population, les dirigeants du CISSS devraient exiger un financement adéquat des services sociaux et de santé publics », soutient Sonia Éthier.
Des décisions qui ont des conséquences néfastes réelles
La vice-présidente de la CSQ exhorte les administrateurs à avoir le courage de regarder les effets désastreux de leurs politiques budgétaires et de leurs stratégies de gestion néfastes.
« Ils doivent prendre conscience des effets de leurs décisions, dans la vraie vie de tous les jours, sur le personnel et sur la dispensation des soins. C’est ce qu’on est en droit d’attendre d’administrateurs responsables. Et si le budget qui leur est confié est insuffisant pour assurer à leur population les services auxquels elle a droit, alors qu’ils interpellent le ministre de la Santé en conséquence », conclut Sonia Éthier.
Profil du SIISNEQ-CSQ et de la FSQ-CSQ
Le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ) représente 1 250 membres infirmières et infirmiers, infirmières auxiliaires et infirmiers auxiliaires et inhalothérapeutes œuvrant dans trois réseaux répartis dans les régions de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. La Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), affilié à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente plus de 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes travaillant dans des établissements de tous les secteurs de la santé.