Société
Des organismes en employabilité lancent un cri du cœur
3 juin 2025
Faute de financement adéquat, des organismes d’aide à l’emploi de la région de Montréal risquent de disparaître, une situation que dénoncent vivement la CSQ, sa Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ) ainsi que le Syndicat du personnel des organismes communautaires (SPOC-CSQ).
À la suite d’une perte de transferts fédéraux de l’ordre de 145 millions $, la direction générale de Services Québec pour la région de Montréal a pris la décision de mettre fin au financement de nombreux organismes en employabilité alors que les besoins ne sont pas moins importants, au contraire. Cette décision aura de lourdes conséquences, selon le président de la FSAC-CSQ, Juan José Fernandez. « Comment est-il possible d’appliquer une logique purement comptable et établir unilatéralement de nouveaux critères pour de nombreuses personnes en situation précaire? Des groupes communautaires ancrés dans leur communauté depuis des décennies risquent de disparaître en laissant un trou béant dans les services », a-t-il dit à l’occasion d’une conférence de presse, le 3 juin 2025. Selon lui, la fin du financement fédéral devrait être une occasion pour le gouvernement du Québec de renouveler son engagement auprès des organismes en compensant la perte des transferts.

Des dizaines d’organismes touchés
Seulement sur l’île de Montréal, plus d’une dizaine d’organismes qui œuvrent en employabilité et en insertion sociale ont été rencontrés par Services Québec, leur principal bailleur de fonds, lequel leur a annoncé que le financement allait significativement diminuer, voire qu’il prendrait fin. Pour les organismes Le Boulot vers… et le Carrefour Relance, cela signifie qu’ils devront ni plus ni moins fermer leurs portes et mettre à pied leurs employés.
La promesse du gouvernement du Québec de soutenir les organismes « confrontés à gérer la décroissance » soulève l’ire des travailleuses et des travailleurs du secteur communautaire. Comme le remarque, à juste titre, la première vice-présidente de la CSQ, Nadine Bédard-St-Pierre, « il est tout à fait inconcevable pour nous qu’un ministère puisse évoquer un concept telle la gestion de la décroissance en référence à des organismes communautaires qui souffrent de sous-financement chronique et doivent au surplus gérer des problèmes sociaux de plus en plus nombreux et complexes. S’il y a bien une chose qui soit en croissance avec le gouvernement de la CAQ, ce sont les problèmes sociaux! »
Aux frais des travailleuses et des travailleurs du communautaire
Au Carrefour jeunesse-emploi de Verdun, les salariées et salariés tentent de trouver une solution dans ce contexte de coupes, mais demeurent estomaqués de la décision de Services Québec. « Nous sommes récemment sortis d’un renouvellement de convention collective qui nous a permis de faire des gains importants et d’atteindre enfin un revenu viable. Cependant, en raison des coupes annoncées, nous allons devoir inévitablement réduire nos heures de service à la population. Comment voulez-vous sortir nos clientèles de la précarité quand la seule idée de pouvoir joindre nous-mêmes les deux bouts est impensable? », déplore William Primeau, délégué syndical du Carrefour jeunesse-emploi de Verdun.

Il ajoute avoir l’impression de reculer : « On se moque de nous, de notre travail et de l’impact positif de celui-ci sur notre communauté. Les représentantes et représentants de l’employeur sont collaboratifs et transparents, mais ils sont menottés par les décisions de Québec. »
Des choix politiques
Il n’y a pas que les organismes en employabilité qui écopent de coupes. La liste des organismes communautaires et des différents services essentiels touchés ne fait que s’allonger sous le gouvernement de la CAQ, selon la FSAC-CSQ, qui affirme que le CALACS de Longueuil est sur le point de fermer, faute d’un renouvellement de financement adéquat. Plusieurs organismes en intégration de personnes immigrantes et de demandeurs d’asile se voient aussi touchés, tout comme l’organisme Ex Aequo, qui se consacre à la promotion et à la défense des droits des personnes ayant une déficience motrice, dont le Programme d’adaptation de domicile (PAD) a été suspendu.
« Après des décennies de politiques néolibérales qui visaient à externaliser plusieurs de nos services publics dans des organismes communautaires afin de pouvoir les dispenser à moindres coûts, et ce, aux frais des travailleuses et des travailleurs, nous voilà maintenant au dernier degré du déboulonnement du modèle québécois, un gouvernement de millionnaires qui ferme les derniers maillons du filet social de nos communautés », a conclu le secrétaire général de la FSAC-CSQ, Laurent Thivierge.