Éducation, Enseignement supérieur

Décès de Guy Rocher, père des cégeps

4 septembre 2025

Le Québec perd une figure marquante de son histoire éducative. Sociologue visionnaire et artisan de la démocratisation de l’enseignement, Guy Rocher est décédé le 3 septembre dernier, à l’âge de 101 ans. La CSQ lui avait fièrement remis le prix Engagement CSQ lors de son 44e Congrès en 2024.

Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef, et Laurianne Veilleux, conseillère en communications

Le professeur, chercheur et sociologique engagé, laisse derrière lui un héritage considérable. Cofondateur des cégeps, collaborateur de la commission Parent et artisan de la loi 101, Guy Rocher a façonné le visage du Québec moderne, notamment en matière d’éducation.

« Le Québec perd aujourd’hui un sociologue engagé et un intellectuel phare en matière d’éducation au Québec, a dit le président de la CSQ, Éric Gingras. Son legs est immense. Son héritage constitue un apport majeur à la société québécoise qui continuera de vivre, souhaitons-le, pour encore de nombreuses années. Parce que l’éducation, c’est d’abord et avant tout un projet de société. Et les valeurs que lui a insufflées Guy Rocher demeurent toujours d’actualité. »

Un homme au grand parcours

Guy Rocher a enseigné à l’Université Laval au début des années 1950 avant d’obtenir, en 1958, un doctorat en sociologie de l’Université Harvard, aux États-Unis. Il a également enseigné à l’Université de Montréal.

Il est l’auteur de plus de 20 livres ainsi que d’environ 200 articles et chapitres d’ouvrages collectifs et d’études. Ses trois volumes d’introduction à la sociologie générale, publiés dans les années 1960, ont initié à cette discipline des générations d’étudiantes et d’étudiants.

En 1965, Guy Rocher a présidé le Comité d’étude sur les modalités de réalisation d’une nouvelle université de langue française à Montréal, qui deviendra l’Université du Québec à Montréal, quatre ans plus tard. À la fin des années 1970, il a travaillé au sein du gouvernement du Parti québécois comme sous-ministre au Développement culturel (1977-1979) et au Développement social (1981-1982). Il a participé à l’élaboration de la politique linguistique, qui débouchera sur l’adoption de la Charte de la langue française (loi 101), en 1977, de la politique culturelle et de la politique en matière de recherche scientifique du Québec.

Au cours de sa longue carrière, et même après celle-ci, Guy Rocher, qui a pris sa retraite en 2010, s’est engagé socialement, notamment en appuyant publiquement le mouvement étudiant de lutte contre l’augmentation des frais de scolarité au printemps 2012.

Lauréat du prix Engagement CSQ

La CSQ est fière d’avoir remis à Guy Rocher le prix Engagement CSQ lors de son 44e Congrès général, en 2024. Ce prix met en valeur l’engagement des personnes qui partagent la mission et les orientations de la CSQ, et reconnaît leur apport à la société québécoise. Par ses valeurs et sa vision unique, Guy Rocher a modifié l’histoire de l’éducation au Québec.

Retour sur la création des cégeps

La CSQ a retrouvé dans ses archives une entrevue réalisée avec Guy Rocher, en 1992, et publiée dans les pages de Nouvelles CSQ. Relisez cet entretien fort intéressant où le sociologue revient sur la pertinence des cégeps, 25 ans après leur création.

Lisez l’article : « Si c’était à refaire, je serais encore pour la création des cégeps ».