Éducation

Le contrat social rompu en éducation

18 août 2025

La saga des annonces de coupes budgétaires a replongé le réseau scolaire dans un marasme teinté de cynisme, selon la représentante et les représentants du réseau scolaire de la CSQ.

Le président de la CSQ, Éric Gingras, le président de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Richard Bergevin, le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost et la présidente de la Fédération du personnel professionnel de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), Carolane Desmarais, étaient récemment réunis lors d’une conférence de presse conjointe afin de souligner la rentrée scolaire.

«La rentrée, c’est le moment de tous les possibles! Une effervescence spéciale marque l’énergie des premiers jours de classe. Une fois encore, l’ensemble du personnel – enseignant, de soutien scolaire et professionnel – sera au rendez-vous pour s’assurer que tout se déroule bien. Mais à quel prix? C’est la question sur toutes les lèvres. Il est impossible d’entamer cette année scolaire sans parler des impacts majeurs qu’engendre l’instabilité du financement», a fait valoir Éric Gingras.

Rupture du contrat social

«Le scénario catastrophe de coupures est mis de côté pour le moment, mais ça ne change rien au fait que le réseau a besoin de prévisibilité. Oui, le gouvernement a investi en éducation, mais pas à la hauteur des besoins qu’engendre la hausse du nombre de jeunes dans nos écoles et nos centres, et des besoins liés aux élèves en difficulté. Si l’éducation était vraiment une priorité, ces différents facteurs seraient pris en compte et ce n’est pas le cas», a ajouté le président de la CSQ.

Selon lui, «le gouvernement a rompu le contrat social en éducation. Tous les jeunes ne sont pas égaux à l’heure actuelle et tous, de l’aveu même du ministre de l’Éducation, n’ont pas accès aux services auxquels ils ont droit. »

Le syndicalisme en éducation est là pour rester

«Depuis le début de l’année 2025, le gouvernement se cherche une cible et casse du sucre sur le dos des syndicats : le nombre de grèves et de conflits, la décote financière du Québec, l’instabilité économique et sociale, les sorties négatives sur les politiques et les orientations du gouvernement. C’est toujours la faute des syndicats. Là, c’est assez.  Nous ne sommes pas responsables des mauvais choix politiques du gouvernement!», a insisté Éric Gingras.

Selon le leader syndical, « le syndicalisme en éducation est là pour rester et s’avère peut-être même plus important que jamais. Ce qui s’en vient, ce n’est pas une bataille syndicale. C’est une lutte menée par les travailleuses et les travailleurs à pied d’œuvre sur le terrain au quotidien. Les gouvernements et les ministres changent, mais le personnel reste. Et c’est pour eux que nous prenons la parole dans l’espace public et que nous continuerons de dénoncer ce qui doit l’être. »

Le changement en éducation passe par une grande réflexion

La CSQ et ses fédérations du réseau scolaire estiment que, pour reformer le contrat social en éducation, il faut une grande réflexion collective impliquant l’ensemble des actrices et acteurs du milieu de l’éducation, demande répétée par la CSQ depuis plusieurs mois.

En janvier dernier, la CSQ publiait les résultats d’un sondage Léger, qui révélaient notamment que près de 70 % des Québécoises et des Québécois estiment qu’une grande réflexion collective pour développer une vision claire et un plan à long terme pour le réseau s’impose.

Les enjeux qui secouent le réseau de l’éducation résident dans les fondements et dans la mission même de l’éducation. « Nous savons que la population appuie le personnel de l’éducation, c’est plutôt le manque de soutien, les structures et les infrastructures qui sont en cause. Les choix politiques du gouvernement ne font qu’accentuer le bris de confiance. Et à la CSQ, c’est ce sur quoi on veut travailler. Et proposer des solutions qui viennent des milieux. C’est ce que les membres veulent d’ailleurs : proposer, contribuer, agir », soutiennent la dirigeante et les dirigeants syndicaux.

Pour la CSQ et ses fédérations, souhaitent parler de la réussite éducative des jeunes, de l’égalité des chances, de mixité scolaire et sociale. Elles veulent parler d’éducation, pour de vrai, elles veulent un plan, un projet collectif, structurant et inspirant pour le Québec de demain.

Inquiétudes pour la réussite des élèves

«On souhaite une bonne année scolaire aux enseignantes et aux enseignants, mais on sait déjà qu’elle sera éprouvante parce qu’ils vivront avec le spectre omniprésent de compressions injustifiables», a dit Richard Bergevin.

Selon lui, «la situation de pénurie augmentera la pression sur les profs qui devront soutenir et épauler les personnes qui entrent dans la profession avec une formation insuffisante. Il faudra que le gouvernement appuie ses enseignants et cesse de les attaquer avec des contraintes et de nouvelles obligations qui les surchargent et les dévalorisent».

Abolition de postes essentiels et instabilité pour le personnel de soutien scolaire

« La rentrée scolaire 2025 s’amorce dans un climat d’incertitude et de colère pour le personnel de soutien scolaire, selon Éric Pronovost. Tandis que les élèves retrouvent leur école, plusieurs services directs qui leur sont destinés sont affaiblis par l’abolition de postes essentiels, malgré la récente correction partielle du budget. Du côté administratif, un gel d’embauche vient paralyser un réseau déjà fragilisé. Dans un contexte criant de pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement choisit d’aggraver la situation plutôt que d’y remédier. Plusieurs de nos membres, essentiels au bon fonctionnement du réseau, sortent d’un été d’angoisses, plusieurs ayant passé leurs vacances à craindre pour leur emploi et ils sont maintenus dans l’instabilité jusqu’à la fin du mois d’août. Cessons les coupes en éducation. »

Bien-être et conditions d’apprentissage compromis

De son côté, Carolane Desmarais affirme qu’«à l’heure où le réseau scolaire est déjà en difficulté, le gouvernement choisi de couper dans une foule de services, dont les services professionnels, puis de réinvestir partiellement sous des conditions impossibles à réaliser».

Maintenant, c’est «trop peu trop tard», a-t-elle dit, ajoutant craindre que le chaos soit installé durablement. «Les centres de services scolaires devront jouer de prudence devant l’instabilité du financement, et, malgré ce qu’en dit le ministre, les milieux vont subir des coupes de services professionnels. Ce cafouillage politique affectera directement le bien-être des élèves et les conditions d’apprentissage dans nos écoles. Nous ne resterons pas les bras croisés devant ces coupes qui sont dénoncées par tous les acteurs de la société.»