Société

Briser les chaînes du permis de travail fermé

25 septembre 2025

Des milliers de travailleuses et travailleurs migrants au Canada se retrouvent piégés par des permis de travail fermés qui les lient à un seul employeur. Ce système, qui favorise l’exploitation et prive ces personnes de la liberté de changer d’emploi, est vivement dénoncé par Amnistie internationale Canada et ses alliés, dont la CSQ.

Par: Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Photos: Amnistie internationale Canada

Au Canada, des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs venus d’ailleurs vivent une réalité invisible aux yeux du grand public : celle des permis de travail fermés qui les attachent à un seul employeur. « Ils sont donc privés de la possibilité de changer d’employeur en cas d’abus de la part de celui-ci », explique la responsable des campagnes à Amnistie internationale Canada francophone, Marisa Berry Méndez. « Cela crée un déséquilibre de pouvoir énorme », ajoute-t-elle.

Sur papier, ces personnes ont les mêmes droits que les autres salariées et salariés. En pratique, toutefois, elles n’y ont pas accès. « Si elles se plaignent ou si elles lèvent le voile sur les abus qu’elles subissent, elles savent qu’elles pourraient être renvoyées. De retour dans leur pays, elles sont parfois mises sur une sorte de liste noire et elles ne sont pas rappelées pour revenir travailler », précise-t-elle. Résultat : la peur empêche de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs de dénoncer les abus, ce qui les maintient dans une situation de précarité.

Parfois, ces travailleuses et travailleurs arrivent au Canada endettés, après avoir payé des frais de recrutement non autorisés, malgré l’interdiction de ces pratiques. « Cela leur met encore plus de pression pour ne pas prendre le risque de perdre leur emploi », ajoute Marisa Berry Méndez.

Aucune justification pour ce marché à deux vitesses

Pour Amnistie internationale Canada, il importe d’abolir les permis de travail fermés et d’instaurer des permis ouverts, garants de la liberté de changer d’emploi. « Il n’y a aucune justification pour ce type de soumission et d’exploitation », précise Marisa Berry Méndez.

Elle rappelle que le rapporteur spécial des Nations unies a qualifié le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) de « terrain propice aux formes contemporaines d’esclavage ».

Une mobilisation importante

Face à cette réalité, Amnistie internationale Canada mène une vaste campagne de mobilisation pancanadienne pour les droits des travailleuses et travailleurs migrants. « Elle fait écho à des demandes de la société civile, des organisations syndicales et des organismes de droits humains », explique la responsable de la campagne.

Le 22 septembre dernier, Amnistie internationale Canada, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants, Migrante Canada et l’Association pour les Droits des Travailleur-ses de Maison et de Ferme ont donné le coup d’envoi de la Semaine d’action pour les travailleuses et travailleurs migrants, qui a lieu jusqu’au 29 septembre, avec une mobilisation symbolique tenue sur la Colline du Parlement à Ottawa.

Amnistie internationale Canada invite également la population à signer la pétition réclamant que le Canada cesse les abus envers les travailleuses et travailleurs migrants, pétition dont la section francophone a récolté jusqu’à maintenant plus de 10 000 signatures. Elle invite également la population à interpeller leur député.

« Le gouvernement sait que ce système de permis de travail fermés entretient l’exploitation. Rappelons-nous que l’union fait la force et que ce qu’il faut, maintenant, c’est agir », conclut Marisa Berry Méndez.

Pour aller plus loin

Signer la pétition d’Amnistie internationale Canada.

Visiter le site d’Amnistie internationale Canada.