Montréal, le 5 février 2015. – À la lecture de l’enquête rendue publique hier, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) n’est pas étonnée que la réforme de l’éducation implantée à partir de 2000 n’ait pas donné les résultats escomptés. Les chercheurs de l’Université Laval indiquent que les élèves de la réforme ne font pas mieux que ceux qui n’ont pas été touchés par cette dernière.
Pour certains groupes, entre autres les garçons, il y aurait même une légère diminution du rendement scolaire. « En réaction, tout ce que le ministre de l’Éducation Yves Bolduc trouve comme solution, c’est d’annoncer un nouveau plan d’action dans lequel les programmes sport-études et des projets manuels seront mis de l’avant pour aider les garçons à mieux réussir », lance Louise Chabot, présidente de la CSQ.
Non, pas encore un plan d’action !
Devant l’impertinence des solutions avancées par le ministre Bolduc, elle poursuit, indignée : « Le personnel des établissements scolaires n’a besoin d’un nouveau plan d’action ou d’une énième réforme ! ». Alors que les problèmes identifiés chez les garçons se situent principalement sur le plan de l’orthographe, le ministre veut régler la question avec du sport et des formations plus manuelles.
Pour justifier son plan d’action, le ministre avance que dans toutes les provinces, les filles réussissent mieux que les garçons au secondaire. Un minimum de rigueur l’aurait amené à constater que si les garçons, du Québec réussissent moins bien que les filles du Québec, ils réussissent en revanche beaucoup mieux que les filles de quatre autres provinces canadiennes. Et s’il poussait sa recherche un peu plus loin, il verrait que les garçons du Québec se classent dans le top 10 de plus de 60 pays dans le classement international PISA, effectué tous les trois ans par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Pour des problèmes d’orthographe, ça prend des solutions en français
Pour la CSQ, il est impératif d’arrêter de faire des garçons des victimes du système scolaire. Ils méritent mieux et plus que cela. D’ailleurs, en 2011, la Centrale a proposé à la ministre de l’Éducation du moment, Line Beauchamp, d’effectuer des changements mineurs au programme de français, mais avec des impacts positifs importants pour tous les élèves, notamment les garçons. Comme le démontrait à l’époque la CSQ, les garçons et les filles réussissent aussi bien dans toutes les matières, sauf en français où l’écart se creuse particulièrement par rapport à l’apprentissage de la lecture.
Contribution incontournable du personnel des écoles
Afin de s’assurer de faire les ajustements qui seront réellement bénéfiques pour les élèves, il est essentiel de se donner le temps de mieux comprendre la situation et surtout éviter de se lancer dans de grands bouleversements précipités « au détriment de la continuité » pour reprendre les mots du Conseil supérieur de l’éducation dans son rapport sur l’état et les besoins de l’éducation.
Le personnel scolaire, qui vit au quotidien avec les élèves, est particulièrement bien placé. Le dialogue avec lui est donc primordial pour faire avancer l’éducation au Québec. Pour ce faire, il suffit que le gouvernement ait une réelle volonté de faire de l’éducation, une véritable priorité nationale. L’atteinte du déficit zéro à tout prix n’a jamais donné de diplôme à des élèves !
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.