Santé

Assurance médicaments : une victoire à moitié gagnée

20 octobre 2025

L’adoption, à l’automne 2024, de la Loi sur l’assurance médicaments est une victoire politique majeure, attendue depuis des décennies. Cette victoire partielle est toutefois bien fragile.

Par Lise Goulet, conseillère CSQ

Le Canada était le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont le régime public de santé excluait encore les médicaments d’ordonnance de la liste des services assurés. Si l’adoption de la loi est une bonne nouvelle, elle ne répond qu’en partie aux besoins, puisque le régime ne couvre pour l’instant que les contraceptifs ainsi que les dispositifs et médicaments contre le diabète.

Dans un contexte socioéconomique mondial incertain, les menaces se multiplient. La Coalition solidarité santé, dont fait partie la CSQ, suit attentivement la situation chez nos voisins du Sud, où le gouvernement envisage d’imposer des droits de douane de 250 % sur le secteur pharmaceutique, une mesure qui pourrait faire grimper les prix.

La Centrale continue également de collaborer avec la Coalition canadienne de la santé pour réclamer l’élargissement de la couverture des médicaments essentiels, alors que les libéraux fédéraux semblent hésiter à tenir leur promesse de bonifier celle-ci.

Déjà trois provinces et un territoire — le Manitoba, la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Édouard et le Yukon — ont conclu des ententes avec Ottawa pour obtenir le financement fédéral. Ces ententes représentent plus de 60 % des 1,5 milliard $ prévus à cet effet dans le dernier budget. À l’exception du Québec, la plupart des autres provinces ont exprimé leur volonté de poursuivre les discussions en vue d’un accord éventuel.

Trop petit pour faire cavalier seul!

Le 22 septembre 2025, sur la Tribune parlementaire à Ottawa, l’Union des consommateurs, porte-parole de la Coalition solidarité santé, a rappelé que le régime public-privé québécois n’est certainement pas le modèle à suivre et « qu’il serait bien illusoire de croire que, dans un contexte politique et commercial aussi tumultueux, le Québec, qui représente moins de 1 % du marché mondial des transactions pharmaceutiques, puisse agir seul en matière de production, d’approvisionnement, de recherche, de développement, d’évaluation pharmacoéconomique et de négociation ».

Au nom de l’équité et du droit à la santé

Au-delà des négociations financières en cours, l’objectif demeure clair : élargir la couverture à d’autres médicaments essentiels, au nom de l’équité et du droit à la santé pour toutes et tous. Pour y parvenir, le gouvernement fédéral doit respecter l’intégralité des mandats prévus dans la loi, notamment :

  • Établir une liste nationale des médicaments remboursés;
  • Mettre en place une stratégie d’achat en gros pour obtenir de meilleurs prix;
  • Adopter une stratégie nationale favorisant une utilisation plus appropriée des médicaments.

Maintenir la pression, une nécessité!

Sans surprise, le gouvernement fédéral subit une forte pression des puissants lobbys pharmaceutiques. Les coalitions en santé de tout le pays ont bien compris qu’elles doivent serrer les rangs dans cette bataille politique où les intérêts économiques s’opposent aux droits humains.

Au cours des dernières semaines, plusieurs actions politiques ont été menées par les alliés de toutes les provinces et tous les territoires :

  • 24 juillet 2025 : interpellation des premiers ministres provinciaux lors du Conseil de la fédération;
  • 4 septembre 2025 : publication d’une déclaration conjointe des coalitions de la santé du pays;
  • 9 septembre 2025 : grand rassemblement lors du caucus libéral fédéral à Edmonton;
  • 22 septembre 2025 : présence de toutes les coalitions canadiennes sur la Tribune parlementaire à Ottawa;
  • 1eroctobre 2025 : rencontre de députés libéraux fédéraux et de l’équipe politique de la ministre fédérale de la Santé, Marjorie Michel.
  • 10 octobre 2025 : dépôt et demande d’accès à l’information pour obtenir le premier rapport du comité d’experts chargé de formuler des recommandations sur les options de fonctionnement et de financement d’un régime d’assurance médicaments national et universel à payeur unique.

Et le travail se poursuit :

  • 4 novembre 2025 : analyse et réaction au prochain budget fédéral;
  • 21 novembre 2025 : publication et analyse du rapport du Groupe d’experts.

En savoir plus

En entrevue avec Isabelle Maréchal, sur QUB, le codirecteur général de l’Union des consommateurs, Maxime Dorais, dénonce qu’en raison du prix élevé de certains médicaments, des patients sont contraints de sauter des doses. Résultat : certaines personnes doivent être hospitalisées, ce qui coûte beaucoup plus cher au système de santé. Écoutez la discussion.

Consultez la page Facebook Pour un régime d’assurance médicament public et universel pour rester à l’affût du dossier.