La Fédération des femmes du Québec et des groupes de défense des droits des femmes unissent leurs voix à celle de  l’organisme Au bas de l’échelle pour dénoncer la réforme de l’assurance-emploi et en demander le retrait. « Cette réforme, qui est censée jumeler les travailleurs aux emplois disponibles, risque plutôt de jumeler encore davantage les femmes à la précarité et à la pauvreté », objecte la présidente de la FFQ, Alexa Conradi.

Montréal, le 17 avril 2013 – La Fédération des femmes du Québec (FFQ), le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), Au bas de l’échelle, le Réseau des Tables régionales des groupes de femmes du Québec, Action travail des femmes et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) unissent leur voix pour dénoncer la réforme de l’assurance-emploi et en demander le retrait. « Cette réforme, qui est censée jumeler les travailleurs aux emplois disponibles, risque plutôt de jumeler encore davantage les femmes à la précarité et à la pauvreté », objecte la présidente de la FFQ, Alexa Conradi.
Le CIAFT
Selon le CIAFT, la réforme aggrave les effets discriminatoires du régime existant et place les femmes devant un cercle vicieux. « Alors que la réforme des années ’90 a fait apparaître un écart dans le taux de couverture entre les hommes et les femmes (seulement 66,1 % des chômeurs y ont désormais accès et seulement  54,7 % pour les femmes), la présente réforme touche particulièrement les travailleuses et les travailleurs à statut précaire et à bas salaire où les femmes sont surreprésentées, » s’inquiète Nathalie Goulet, directrice du CIAFT. Les travailleuses à statut précaire dans le milieu de l’enseignement, le milieu communautaire, l’horticulture, les ventes, l’hôtellerie, la culture, la transformation des aliments en seront particulièrement affectées.
Au bas de l’échelle
La réforme forcera les chômeuses et les chômeurs occasionnels et fréquents à accepter des conditions de travail à la baisse si ces derniers ne trouvent pas un emploi rapidement. « En contraignant les femmes qui occupent déjà des emplois précaires à faible revenu à accepter des emplois encore moins bien payés, le gouvernement renforce leur confinement dans des ghettos d’emploi mal rémunéré, instable et trop souvent temporaire », de dénoncer Carole Henry de l’organisme Au bas de l’échelle.
Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec
Dans les régions où l’économie repose en majorité  sur le travail dans les secteurs traditionnellement masculins et où peu d’emplois réguliers existent dans les secteurs à prédominance féminine, on craint carrément le retrait des femmes du marché du travail. « Le taux d’emploi des femmes dans certaines régions est déjà plus bas qu’ailleurs dans la province. Entre choisir un emploi à temps partiel au salaire et aux conditions moindres et à une distance déraisonnable pour concilier famille et emploi, bien des femmes vont choisir de se retirer complètement du travail,  aux dépens de leur autonomie économique actuelle et future», s’inquiète Joane Blais, présidente du Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec. « Dans les régions où l’économie est saisonnière (l’hiver étant peu propice à l’affluence touristique ou à la pêche au homard), cette réforme vient mettre en péril l’organisation du travail voire la survie de certaines régions, ce qui ne peut qu’accentuer la pauvreté que vivent déjà beaucoup trop de femmes » d’ajouter Marie-Thérèse Forest de la Table de concertation des groupes de femmes de la Gaspésie-et-des-Îles-de la Madeleine.
Action travail des femmes
«Les femmes qui travaillent dans les secteurs traditionnellement masculins vont être particulièrement pénalisées. Prenons l’exemple des femmes dans la construction, emplois considérés comme  saisonniers, les modifications à l’assurance-emploi, risquent d’exclure la présence des femmes dans ce secteur, déjà très difficile d’accès! La réduction du temps de recherche d’emploi dans leur domaine cantonnera les femmes à des statuts d’apprentis ou annulera leurs chances de maintenir leurs cartes de compétence et donc d’exercer leur métier. En tant que chômeuses plus fréquentes, elles se verront exclues de ces réseaux masculins vers des emplois moins bien rémunérés»,  décrie Katia Atif d’Action travail des femmes.
La Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi
Pour sa part, Louise Chabot,  présidente de la Centrale des syndicats du Québec et porte-parole de la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi dont fait partie la FFQ, déclare : « La réforme de l’assurance-emploi renvoie les femmes dans l’insécurité économique ce qui est tout le contraire du droit des femmes à l’égalité. Cette réforme doit être suspendue afin  de mener des études d’impact et de mener une consultation auprès de la population. » La population est d’ailleurs invitée  à participer à une manifestation d’envergure à Montréal,  le 27 avril, dès midi à la Place du Canada.