Société, Syndicalisme
Projet de loi no3 : la CSQ dénonce l’ingérence du gouvernement
27 novembre 2025
Le projet de loi no 3 du ministre du Travail, Jean Boulet, a fait couler beaucoup d’encre cette semaine. Invité par plusieurs médias afin d’en discuter, le président de la CSQ, Éric Gingras, n’a pas manqué de déplorer l’ingérence du gouvernement dans les affaires internes syndicales. Il appelle plutôt à un dialogue social réel.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Au micro de Philippe Cantin, à l’émission Le Québec maintenant sur les ondes du 98,5 FM, Éric Gingras n’a pas mâché ses mots pour décrire l’approche gouvernementale en matière de relations de travail. Selon lui, le ministre du Travail intervient directement dans les décisions démocratiques qui devraient revenir exclusivement aux membres des organisations syndicales.
S’il reconnaît que certaines dispositions du projet de loi, comme celles liées à la transparence, aux états financiers, à la démocratie et à la prise de vote, vont dans le bon sens, Éric Gingras juge toutefois irréaliste l’obligation d’offrir sur 24 heures des votes pour toutes les unités syndicales, peu importe leur taille : « Il y a des nuances à faire entre une organisation de 10 000 membres et une qui en compte 50, par exemple. D’une à l’autre, on n’agit pas de la même façon, car on ne prend pas les décisions de la même façon. »
Écoutez l’entrevue à l’émission Le Québec maintenant :
« Le gouvernement veut s’immiscer dans ce qui est considéré par lui comme étant normal dans le travail d’un syndicat et ce qui devrait être, selon lui, facultatif. Nous, ce qu’on dit, c’est que ce sont les membres qui doivent décider ce à quoi servent les cotisations et non pas le ministre. »
Pour illustrer les effets d’une cotisation facultative, le président de la CSQ donne l’exemple de l’équité salariale : « Si je suis la logique du ministre du Travail, dans les années 1990, il aurait fallu que j’aille voir mes membres avec la cotisation facultative et que je leur demande « est-ce que vous voulez qu’on milite pour ça? ». À l’époque, certains membres auraient certainement dit qu’ils n’y croyaient pas. »
Or, la mobilisation des organisations syndicales a permis d’obtenir la Loi sur l’équité salariale, qui bénéficie désormais à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs, pas seulement les personnes syndiquées, rappelle-t-il.
À l’émission Tout un matin sur ICI Radio-Canada, l’animateur Patrick Masbourian a abordé la tension entre les organisations syndicales et le gouvernement, qui s’est accentuée dans les derniers jours. « C’est une tension qu’on ne veut pas », a dit Éric Gingras, qui invite plutôt au retour à un dialogue social constructif.
Écoutez l’entrevue à l’émission Tout un matin :