Alphabétisation : là où les parcours changent

Qu’ont en commun un jeune adulte vivant avec de grandes difficultés d’apprentissage, une personne aînée qui souhaite maintenir ses facultés cognitives et une personne immigrante ayant un parcours migratoire complexe? Tous les trois peuvent trouver une réponse à leurs besoins grâce aux services d’alphabétisation offerts à la formation générale des adultes.

Par Mélanie Fortier, conseillère FSE-CSQ

S’engager dans cette formation leur ouvre la possibilité d’un parcours scolaire adapté à leur rythme et à leurs réalités.

Des parcours variés, des besoins uniques

En alphabétisation, la réalité des élèves est bien plus variée que l’image qu’on s’en fait souvent, par exemple, celle de la personne aînée qui ne sait ni lire ni écrire parce qu’elle a dû aller travailler aux champs ou aider à l’éducation de sa fratrie. Si ce profil existe encore, les parcours des élèves sont beaucoup plus diversifiés.

Pour Nicolas, élève au Centre de formation générale aux adultes de Drummondville, le soutien reçu alors qu’il était au secteur des jeunes n’a pas été suffisamment bien adapté à ses besoins : « Ce qui fait que j’ai développé de l’anxiété », explique-t-il. L’éducation des adultes lui a « permis de travailler sur [lui], d’être beaucoup moins gêné et d’améliorer [sa] confiance en [lui]. » Des élèves comme Nicolas, il y en a des milliers en alphabétisation.

Dans certains milieux, ce sont plutôt des personnes immigrantes qui ont cumulé des retards scolaires importants. Parfois elles sont issues de zones en guerre où elles ont passé beaucoup d’années en camp de réfugiés. D’autres fois, elles proviennent de lieux où l’accès à l’éducation est limité, entre autres pour les femmes et les filles. L’alphabétisation les soutient dans leur préparation à la vie d’apprenant.

Les apprentissages peuvent débuter par les bases, comme apprendre à bien tenir un crayon ou à orienter correctement une feuille de papier pour écrire. Lorsqu’une personne réfugiée ne parle pas français, elle peut intégrer une classe d’alpha-francisation, où elle apprend la langue en même temps que les bases de l’alphabétisation.

Un tremplin vers l’autonomie

Le programme d’alphabétisation vise avant tout à favoriser l’autonomie des personnes. Grâce à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des mathématiques, les élèves développent de meilleures capacités de communication et acquièrent des compétences essentielles à leur quotidien, comme la gestion d’un budget.

Cette formation permet d’accéder à certains acquis de base qui ouvrent la voie à une intégration plus facile sur le marché du travail. En ce sens, l’alphabétisation accompagne les adultes dans leur développement personnel, social et professionnel, en renforçant leur confiance et en valorisant leurs capacités.

Bien souvent, les élèves qui fréquentent ces classes sont aussi des parents, des grands-parents, des travailleuses et travailleurs ou les responsables des achats à la maison. Leur cheminement en alphabétisation a donc un impact concret sur leur vie et dans leur quotidien.

« On se retrouve dans nos élèves parce que ce sont des adultes. On peut voir d’où ils sont partis dans des parcours souvent atypiques, souvent difficiles, et on peut les accompagner vers un cheminement personnel, social et ensuite professionnel. Je pense que, dans ma classe, c’est là qu’ils apprennent qu’ils ont des capacités, des compétences et qu’ils vivent leurs premières réussites », dit Jessica Desmarais, enseignante dans la classe de littératie au Centre de formation générale aux adultes de Drummondville.

Il n’y a pas de doute, l’alphabétisation change des parcours de vie et contribue à ce que les élèves puissent ouvrir les portes de leur destin.

Mettre l’alphabétisation sur la carte

Cet article a été publié grâce à quelques témoignages d’enseignantes et enseignants en alphabétisation, dont celui de Jessica Desmarais (voir la vidéo), tirés de la campagne « Mettre la FGA sur la carte ». Il a été préparé dans le cadre de la Journée internationale de l’alphabétisation, qui a lieu chaque année le 8 septembre.