Éducation, Enseignement supérieur
«François Legault doit se reconnecter avec le personnel de l’éducation»
27 août 2025
Le premier ministre François Legault ayant annoncé le 11 août dernier qu’il se mettait en mode écoute de la population à la suite du résultat décevant lors de l’élection partielle d’Arthabaska, la CSQ l’invite à se reconnecter avec le personnel de l’éducation en prenant le temps de rencontrer leurs représentantes et représentants syndicaux.
Par Laurianne Veilleux, conseillère à la CSQ | Photos : François Beauregard
Accompagné de la présidente de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), Marie‑Josée Dallaire, le président de la CSQ, Éric Gingras, a profité de la conférence de presse de la rentrée scolaire des établissements privés pour rappeler que le lien de confiance est à rebâtir avec le milieu de l’éducation.
« Les coupes de plus de 500 millions $ annoncées en éducation en juin dernier ont fait très mal au gouvernement et le recul partiel qui a suivi n’a pas été suffisant pour rassurer les travailleuses et les travailleurs de l’éducation que nous représentons. Ce gouvernement, qui prétendait faire de l’éducation sa priorité, a trahi son engagement. Il doit changer de direction s’il veut rebâtir sa crédibilité auprès de nos membres », a dit le président de la CSQ. « Pour les écoles privées, on nous avait d’abord annoncé des coupes de 56,9 M$ que le gouvernement a ensuite réduits à 27,9 M$ », a pour sa part précisé Marie‑Josée Dallaire.

Un personnel ayant le sentiment d’être délaissé par le gouvernement
La présidente de la FPEP-CSQ, Marie-Josée Dallaire, abonde dans le même sens, précisant qu’en ce début d’année scolaire, le personnel de l’enseignement privé, enseignantes et enseignants, professionnelles et professionnels, de même que les travailleuses et travailleurs de soutien, sont très inquiets de ce qui les attend.
« Nos membres sont dévoués et passionnés, mais ils souffrent depuis des années d’une charge de travail qui ne cesse de s’alourdir, notamment parce que le nombre d’élèves ayant des besoins particuliers augmente continuellement. Ils se sentent laissés à eux-mêmes par un gouvernement qui pense qu’ils n’en font jamais assez », s’insurge Marie-Josée Dallaire.
Un recentrage nécessaire sur les réalités du terrain
« On sait déjà que la gestion des téléphones cellulaires va demander une présence et une surveillance accrue dans les écoles et sur les terrains des écoles. On sait aussi que les élèves en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage sont de plus en plus nombreux dans le réseau privé. Et pour en ajouter, monsieur Drainville exige que, dans ces conditions, les services directs aux élèves ne soient pas affectés. Comment le ministre peut-il croire qu’il n’y aura pas de répercussions sur les élèves? Penser qu’une tâche plus lourde avec moins de ressources n’aura pas d’impact sur les services aux élèves, ça relève soit de la pensée magique, soit d’une incompréhension manifeste de l’éducation », a dit Marie-Josée Dallaire.
« Messieurs Legault et Drainville donnent la forte impression qu’ils ignorent l’ampleur de ce qu’implique une journée de travail dans une école, sans compter tout le travail « invisible » assumé très souvent les soirs et les fins de semaine. Le gouvernement dit croire en l’importance de la bienveillance. Maintenant, il serait temps qu’il passe de la parole aux gestes! », a ajouté la présidente de la FPEP‑CSQ.
Signal d’alarme au collégial
Marie-Josée Dallaire a également interpellé la ministre de l’Éducation supérieure, Pascale Déry, en mentionnant que les coupes au collégial ont aussi des répercussions négatives : « Certains de nos membres nous ont partagé leur vive inquiétude. Dans certains collèges, la direction tente de refiler une partie de la facture en exigeant des concessions salariales de la part des membres du personnel. C’est inacceptable, mais c’est la conséquence directe d’un financement inadéquat. »
Le temps est venu de faire le point en éducation
Éric Gingras rappelle que la CSQ réclame une grande réflexion collective en éducation pour faire le point sur les enjeux de fond. « De la petite enfance à l’enseignement supérieur, en passant par le réseau scolaire, tant au public qu’au privé, la CSQ est là, dans toutes les catégories d’emploi. Nous ne lâcherons pas le morceau, le Québec est mûr pour cette grande réflexion collective qui implique l’ensemble des acteurs, syndicats, employeurs, parents, gouvernements et experts. »

Le président de la CSQ ajoute que la Centrale travaille déjà activement à construire une plateforme de revendications et de solutions, à partir de consultations menées auprès des membres : « Ce que nous disent les membres, c’est que ça suffit de gérer l’éducation à la pièce, sans plan structurant ni vision à long terme. La mixité scolaire et sociale, l’égalité des chances, l’organisation de nos réseaux, un accès juste, la violence, les écrans, l’intelligence artificielle, alouette! Qu’est-ce qu’on veut pour l’école de demain? On le voit comme un beau et grand projet de société, mobilisateur. La perte de sens est un mal sournois qui gruge le personnel de l’éducation. Et ce n’est pas à coups de projets de loi qu’on se relèvera! »