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Rentrée collégiale 2025 : une situation périlleuse
14 août 2025
Les présidences de la CSQ, Éric Gingras, de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), Youri Blanchet, de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine, et de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), Éric Cyr, ont tenu aujourd’hui, 14 août 2025, une conférence de presse commune, à l’occasion de la rentrée collégiale.
Ensemble, ils ont dénoncé les coupes sévères annoncées par le gouvernement, au début de l’été. « Après avoir déclaré qu’il fera de l’éducation sa priorité, le gouvernement caquiste semble avoir complètement perdu ses repères. Nous avons l’impression d’assister à l’effritement d’un joyau qui faisait la fierté du Québec dans l’indifférence totale de nos élus au pouvoir à Québec. »
L’absence de vision stratégique
Le président de la CSQ, Éric Gingras, soutient que le climat est tendu chez l’ensemble du personnel du réseau collégial en ce début d’année. « Vétusté des immeubles et des infrastructures, manque de ressources humaines et budgétaires disponibles pour assurer les services, il y a de quoi être découragé! On ne parle jamais du réseau et des effets des coupes et des compressions récurrentes. Ce silence politique est inacceptable! », dénonce le leader syndical.
Il déplore que le gouvernement nous replonge dans les bas-fonds de la disette budgétaire, au moment où l’on prévoit une augmentation significative de la clientèle étudiante et des besoins. « Autant dire que ce gouvernement ne comprend pas à quel point le collégial, que ce soit en formation pré-universitaire, technique ou continue, constitue un maillon essentiel pour préparer le Québec de demain. Délaisser ainsi le réseau collégial, c’est manquer de vision stratégique. »
« Des limites à ce qu’on peut exiger du personnel! »
Le président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, précise que pour ce qui est des enseignantes et des enseignants, même si la menace de coupes de postes est moindre, leur charge de travail augmentera et se complexifiera significativement.
« Jusqu’en 2032, on prévoit que les effectifs étudiants seront à la hausse. Il faut donc s’attendre à des groupes plus nombreux pour chaque enseignante et enseignant. En même temps, les enseignantes et les enseignants ne pourront pas bénéficier du même soutien à la réussite. Dans les faits, cela veut dire qu’on va nous demander d’en faire plus avec moins de ressources, ce qui pourrait avoir comme effet corollaire de limiter l’accès au cégep en diminuant la capacité des établissements à se préparer à l’augmentation des inscriptions. », appréhende Youri Blanchet.
Ce dernier est catégorique : « Nos membres n’ont pas à faire les frais des décisions irresponsables prises par le gouvernement. Il y a des limites à ce qu’on peut exiger du personnel sans mettre en péril son bien-être au travail et la qualité des services directs aux étudiantes et étudiants. »
Une contribution nécessaire
Les inquiétudes sont aussi vives du côté du personnel de soutien, comme l’explique la présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine. « Depuis le 1er novembre dernier, le gouvernement a ordonné un gel de recrutement. Plusieurs postes sont ainsi devenus vacants. Or, en mai dernier, on a annoncé l’abolition de ces postes en plus de mettre fin à plusieurs charges de projet. Le personnel de soutien se trouvait déjà en nombre insuffisant pour rencontrer les besoins et, cette année, la situation s’annonce encore pire. Pourtant, tous les personnels ont un rôle important et apportent leur contribution essentielle à la réussite dans nos collèges », fait valoir Valérie Fontaine.
Cette dernière rappelle de plus le rapport publié il y a plus d’un an par la vérificatrice générale, qui dénonçait l’état catastrophique dans lequel se trouvait le parc immobilier collégial. « Plusieurs bâtiments sont vétustes et auraient besoin de travaux majeurs de rénovation. Il en va de même de salles de cours qui sont de moins en moins conviviales pour assurer la réussite étudiante. La situation continue de se dégrader de plus belle malgré le cri d’alarme lancé par la vérificatrice générale. »
Moins de ressources professionnelles
Finalement, le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr, craint que les conditions de travail de plus en plus difficiles imposées au personnel professionnel en incitent plusieurs à quitter le réseau collégial. « Chaque mois, on retrouve moins de personnel professionnel dans nos cégeps, et ça va aller en s’accentuant si les coupes budgétaires persistent. Cette situation nous fait craindre encore plus d’absentéisme et de départs. »
Éric Cyr prévoit que malheureusement, les étudiantes et les étudiants paieront le prix du manque de vision du gouvernement actuel. « Les membres du personnel professionnel jouent un rôle fort important pour accompagner les étudiantes et étudiants sur le chemin de la réussite. Mais pour ce faire, ils doivent être suffisamment nombreux pour répondre aux besoins. Ce n’est pas en diminuant les services adaptés, d’aide psychosociale et d’aide à la réussite qu’on va améliorer la persévérance scolaire des jeunes au Québec. », constate le président de la FPPC-CSQ.
Un examen de conscience qui presse
En terminant, les quatre leaders syndicaux pressent le gouvernement Legault à se livrer à un profond examen de conscience et à revoir ses orientations pour le réseau collégial. « Notre réseau collégial a fait ses preuves dans l’histoire du Québec pour permettre l’accès aux études supérieures pour tout le monde et partout sur le territoire. Il a besoin qu’on en prenne soin et d’investissements majeurs pour pouvoir continuer à remplir sa mission, qui demeure plus actuelle que jamais », concluent-ils.