Santé, Syndicalisme
Coupes et centralisation : un mauvais cocktail pour les régions
4 juin 2025
Alors que Québec impose compressions et réformes, les régions en paient le prix fort. En tournée en Gaspésie, le président de la CSQ, Éric Gingras, tire la sonnette d’alarme : nos réseaux publics sont à bout de souffle. Et les décisions centralisées à Québec passent à côté des réalités régionales.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Une vision régionale ignorée
En entrevue à ICI Matane, Éric Gingras a livré un constat sans détour : les compressions budgétaires entraînent des conséquences bien réelles. « On nous dit que ça ne touchera pas les usagers des services publics, mais à la fin, c’est toujours eux qui écopent », déplore-t-il. Avec les 43 millions $ retranchés récemment dans le réseau de la santé gaspésien, les répercussions se font sentir, allant jusqu’à créer des ruptures de services.
Le leader syndical dénonce aussi l’obsession de la centralisation. « Ce qu’on voit avec les réformes, comme le projet de loi no 15, c’est un pouvoir toujours plus concentré à Québec, déconnecté des régions », explique-t-il. Le résultat : des décisions prises à distance, sans tenir compte des enjeux locaux, comme le vieillissement de la population, le manque de logements ou le recrutement en région.
Des solutions locales ignorées
Éric Gingras insiste : « On ne peut pas demander aux gens de faire plus avec moins. Ça n’a jamais fonctionné. » Les solutions existent, selon lui, mais elles ne se rendent pas aux décideurs : « Il y a des lignes téléphoniques et des tours cellulaires. Pourtant, les solutions proposées par les milieux ne se rendent pas à Québec. »
Pour lui, il est urgent que les gouvernements cessent de faire la sourde oreille. « Les travailleuses et travailleurs des réseaux sont épuisés, mais ils tiennent le fort. La moindre des choses, c’est de les écouter et de leur donner les moyens d’agir. » Car c’est à partir des régions, pas des tours d’ivoire, que le véritable changement pourra émerger.