C’est maintenant officiel! Les responsables en services éducatifs (RSE) en milieu familial ont voté pour la grève à hauteur de 96,3 %. Cette quasi-unanimité ne laisse aucune interprétation sur la volonté du milieu de la petite enfance de se faire respecter et entendre par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).
Chaque vendredi à compter du 31 janvier, et ce, pour huit semaines, les services éducatifs à la petite enfance en milieu familial ouvriront 15 minutes plus tard de façon progressive jusqu’à concurrence de deux heures. Cette décision intervient après une série de votes aux quatre coins du Québec organisée par la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) entre les 6 et 14 janvier 2020, en réponse à l’offre gouvernementale dans le contexte des négociations pour la petite enfance. Rappelons qu’en décembre dernier, le gouvernement déposait une offre dégradante de 6 sous de l’heure qui maintiendrait le taux horaire d’une RSE en bas du salaire minimum. Devant une offre aussi hostile de la part du gouvernement, il fallait s’y attendre!
Cette décision courageuse pour la grève mérite d’être saluée. Ces femmes portent à bout de bras l’avenir de nos enfants, chaque jour. Avec leurs têtes et leurs cœurs, les RSE exercent leur rôle avec passion et professionnalisme pour amener nos tout-petits vers demain. Tout en minimisant l’impact auprès des parents par des moyens innovants, prévisibles et créatifs, les 10 000 travailleuses concernées s’assurent de maximiser leur impact auprès du gouvernement.
Vous connaissez probablement déjà fort bien les enjeux du quotidien vécus par ces travailleuses. Cependant, au regard des offres dégradantes du gouvernement, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour que les RSE en milieu régi et subventionné soient reconnues à leur juste valeur dans le discours public. Les intervenantes en milieu familial ont des responsabilités quotidiennes exigeantes. Avec une prise en charge éducative complète d’enfants en bas âge et une rémunération sous le salaire minimum, c’est une forme d’héroïsme au quotidien! C’est sans compter qu’elles doivent se conformer à une série de critères et d’exigences de plus en plus stricts afin d’assurer une qualité de service irréprochable. Rappelons-nous que les places en milieu familial régi et subventionné, qu’on estime à 90 000 partout au Québec, sont aussi nombreuses que les places en centre de la petite enfance (CPE). Cette première ligne constitue donc un pilier essentiel dans la vie et le parcours d’apprentissage de nos tout-petits. Loin des projecteurs, ces héroïnes remplissent leur rôle d’amener nos enfants au meilleur d’eux-mêmes, au dépassement de soi.
Le gouvernement ne peut pas nier la réalité : les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre vécus partout concernent aussi la petite enfance. Sur le terrain, cela a des conséquences directes dans l’accès aux services. Des milliers de parents peinent encore à trouver une place en garderie pour leurs enfants. Avec un salaire horaire équivalant à 12,42 $, les RSE se sont prononcées massivement pour cette grève parce qu’elles ont à cœur le réseau des services éducatifs en milieu familial qui est actuellement menacé par des conditions en bas de la moyenne et un manque d’autonomie. Finalement, c’est l’avenir d’un réseau unique que nous avons collectivement construit qui est en jeu.
Dans les prochaines semaines, je vous invite à appuyer les responsables en services éducatifs dans votre entourage en posant deux gestes concrets pour elles : écrire à votre députée et député, et signer le manifeste pour les intervenantes en petite enfance. Démontrons notre solidarité en appuyant les RSE dans leurs moyens de pression et, surtout, en les remerciant pour leur travail. Ces milliers de femmes méritent des conditions décentes à la hauteur du travail essentiel qu’elles effectuent chaque jour. Il est grand temps que ça change!