Microbiologistes, infirmières, chimistes, analystes en informatique... au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ)1, des expertes et des experts veillent chaque jour sur la santé de la population. Ces professionnelles et professionnels, qui ont la délicate tâche de surveiller les maladies infectieuses au Québec, attendaient depuis 2012 l’obtention de titres d’emploi correspondant à leur niveau de formation et à leurs responsabilités.

« Les titres détenus correspondaient à une formation de niveau baccalauréat, alors que la majorité de nos membres détiennent un diplôme universitaire de cycle supérieur, allant jusqu’au postdoctorat. L’employeur refusait de reconnaitre qu’ils accomplissaient les mêmes tâches que leurs collègues du réseau public », explique Maud Vallée2. Il y avait donc un écart salarial très important comparativement à ces derniers, pouvant atteindre jusqu’à 40 %.

Trois ans d’efforts

Après avoir essuyé un refus lors de l’échéance de la convention collective en avril 2015, le syndicat a entrepris des négociations en janvier 2016. Un an de conciliation, deux ans de négociation, le dépôt d’un grief et plusieurs séances d’arbitrage n’ont toutefois pas permis au syndicat d’obtenir gain de cause.

« L’employeur a fait plusieurs propositions de titres d’emploi, sans confirmer les échelles salariales correspondantes, déplore Maud Vallée. Nous avions pourtant réussi à démontrer que nos membres accomplissaient le même travail que leurs collègues du réseau public. »

Entretemps, l’échec des négociations a poussé 20 % des professionnelles et professionnels à quitter le Laboratoire afin d’obtenir des postes rémunérés à la hauteur de leur expertise. « Des pertes difficiles à combler, commente Maud Vallée. Il ne s’agit pas seulement de remplacer les gens; il faut aussi rebâtir l’expertise perdue auprès des nouveaux venus. »

Déclenchement d’une grève

À la fin du mois de mars 2018, le syndicat a déclenché une grève de trois jours afin de dénouer l’impasse. La CSQ lui a fourni une aide précieuse durant tout le processus.

« La Centrale nous a conseillés au sujet des négociations et des moyens de pression. Nous avons aussi obtenu les conseils juridiques d’un avocat. Les représentants de la CSQ nous ont appuyés durant la grève en venant sur place. De plus, nos membres se sont tous mobilisés, même s’ils n’étaient pas tous susceptibles d’obtenir les titres convoités », affirme Maud Vallée.

Un pas vers l’avant

Le 1er mai 2018, environ un mois après le déclenchement de la grève, la nouvelle convention collective a été signée. Le syndicat a obtenu des gains importants :

  • la création de quatre titres d’emplois : spécialiste clinique en biologie médicale, conseiller ou conseillère scientifique spécialisé, conseiller ou conseillère scientifique et assistant ou assistante de recherche professionnel;
  • un important rattrapage salarial de 5,25 % à 31 % selon la formation (baccalauréat, maitrise, doctorat, postdoctorat);
  • d’autres avantages touchant la conciliation travail et vie personnelle.

Dans l’ensemble, le syndicat se dit satisfait de la nouvelle entente, même si un léger écart persiste toujours entre certains membres du réseau. Les analystes en informatique n’ont pas obtenu une augmentation de salaire satisfaisante, et 20 % des détentrices et détenteurs d’un postdoctorat n’ont pas reçu les titres convoités. « L’employeur maintient que leurs tâches ne correspondent pas aux titres, ce avec quoi nous sommes en désaccord. Par contre, la majorité de nos membres ont obtenu la reconnaissance de leurs diplômes, ce qui est un pas dans la bonne direction », conclut Maud Vallée.

Un travail essentiel

Au Laboratoire de santé publique du Québec, « nous développons notamment des outils de diagnostic, d’investigation et de surveillance épidémiologique tels que la détection de pathogènes en émergence, comme le virus Zika, précise Maud Vallée. Nous répondons aussi aux urgences de santé publique. Nous jouons un rôle majeur dans le traitement de colis suspects, par exemple, ou dans la détection d’agents à potentiel pandémique ou pouvant être associés au bioterrorisme. »

Le personnel détient l’expertise nécessaire pour effectuer des analyses ultraspécialisées, comme il l’a fait il y a environ quatre ans lorsque des cas suspects d’Ebola ont été signalés au Québec3. « Le LSPQ est le laboratoire de référence en microbiologie au Québec, en soutien aux laboratoires des hôpitaux », indique Maud Vallée.

L’équipe coordonne également l’ensemble des programmes d’assurance-qualité médicale auprès des laboratoires publics et privés en biologie médicale dans la province.


1 Le LSPQ relève de l’Institut national de santé publique du Québec, une société d’État qui ne fait pas partie du réseau de santé publique.
2 Maud Vallée est présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels du Laboratoire de santé publique du Québec (SPPLSPQ-CSQ).