Stéphanie Duval1 s’est penchée sur la question des « fonctions exécutives » chez les enfants de la maternelle, un concept plus souvent étudié en neuropsychologie. Les fonctions exécutives se déclinent en différentes habiletés cognitives, dont les principales sont la mémoire de travail, l’inhibition et la flexibilité mentale. Par exemple, lors d’un jeu de rôle, elles permettent à l’enfant de mémoriser son personnage, d'éviter de poser certains gestes ne cadrant pas avec celui-ci, de s'adapter aux changements et de prévoir la suite de l’histoire en se référant à ses expériences quotidiennes et à sa créativité.

« En classe, les fonctions exécutives permettent notamment à l’enfant de conserver des informations stockées dans son cerveau et de travailler avec ces dernières, en plus de concentrer son attention, de guider ses actions vers des buts précis ou encore de filtrer les distractions », explique-t-elle. Une base essentielle à la réussite.

Les trois piliers de l’interaction

Mais comment soutenir le développement de ces habiletés dès la maternelle? « En favorisant des interactions de qualité », explique la chercheure. En effet, si les fonctions exécutives ne s’enseignent pas, elles peuvent émerger dans un environnement où le climat est positif et où l'adulte interagit chaleureusement avec l'enfant. La qualité des interactions se mesure grâce :

  • au soutien émotionnel;
  • à l’organisation de la classe;
  • au soutien à l’apprentissage.

« Le soutien émotionnel, c’est l’habileté de l’adulte à bâtir des relations saines et chaleureuses, à reconnaitre les émotions et les besoins de l’enfant, et à y répondre, de même que sa capacité à soutenir l’intérêt et l’autonomie du jeune relativement à son apprentissage. »

De son côté, l’organisation de la classe permet non seulement à l’élève de savoir ce qui est attendu d’elle ou de lui, mais aussi de lui offrir des occasions d’apprentissage et de développement diversifiées et stimulantes.

Enfin, pour soutenir l’apprentissage, l'enseignante ou l’enseignant peut amener l'enfant à raisonner de manière de plus en plus approfondie, en plus d'adapter ses interventions selon le rythme, l'intérêt et les besoins de chacun.

L’ingrédient actif

« La qualité des milieux éducatifs est reconnue comme un élément important, permettant de soutenir l’apprentissage et le développement des enfants. Et c’est la qualité des interactions qui constitue la composante clé de la qualité du milieu éducatif, voire l’ingrédient actif qui peut faire la différence dans la réussite éducative de l’élève », conclut Stéphanie Duval.


1 Stéphanie Duval est chercheure au Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) et professeure agrégée au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval.