CSQ LE MAGAZINE : QU’EST-CE QUE LA SOCIÉTÉ A À GAGNER DANS CETTE NÉGOCIATION?

Sonia Ethier : L’ensemble de la population a énormément souffert des mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard. Les services ont été réduits, et ce, dans tous les secteurs, notamment en éducation, en santé et en services sociaux. C’est toute la population qui a perdu au change.

POURQUOI LA POPULATION DEVRAIT-ELLE APPUYER LE PERSONNEL DU SECTEUR PUBLIC?

Les travailleuses et les travailleurs du secteur public se battent bien sûr pour améliorer leurs conditions de travail, mais également pour améliorer la qualité et l’accessibilité des services publics. Ainsi, plus ils obtiendront de bonnes conditions d’exercice, plus les services qui seront rendus seront à la hauteur des besoins.

COMMENT DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL PEUVENT-ELLES AMÉLIORER LA QUALITÉ DES SERVICES PUBLICS?

Quand on parle d’améliorer les conditions de travail, on parle très souvent de donner les moyens aux travailleuses et travailleurs de réaliser leur mission auprès de la population. Il n’y a rien de plus ardu pour le personnel de l’éducation ainsi que pour celui de la santé et des services sociaux, que de devoir compenser le manque de personnel et de ressources afin de bien faire son travail. C’est pour cela qu’il devient de plus en plus difficile de retenir le personnel en poste ou d’attirer une relève dans le secteur public.

LA POPULATION N’A-T-ELLE PAS PLUS À GAGNER AVEC DES BAISSES D’IMPÔT QU’UNE AMÉLIORATION DES SERVICES PUBLICS?

À quoi bon bénéficier de légères baisses d’impôt si les citoyennes et citoyens sont obligés de se tourner vers le privé pour recevoir des services auxquels ils ont droit.

Se tourner vers le privé signifie des couts exorbitants alors que les réseaux publics détiennent l’expertise pour éduquer et soigner. Les baisses d’impôt peuvent séduire et plaire dans l’immédiat, mais elles ne desservent pas les intérêts de la population à moyen et à long terme.

Un gouvernement qui choisit de sous-financer les services publics pour accorder plutôt des baisses d’impôt affaiblit et met en péril les services à la population. Les Québécoises et Québécois croient en leurs réseaux publics parce qu’ils savent qu’à travers eux, ils ont accès à des soins de santé et d’éducation de qualité, peu importe leurs revenus. Cette égalité des chances, ça fait partie des valeurs fondamentales qui nous sont chères.

« C’est simple. Ça ne peut plus continuer dans les conditions actuelles. Faut que ça change maintenant! »

EN QUOI LE SOUTIEN DE LA POPULATION PEUT-IL INFLUENCER L’ISSUE DES NÉGOCIATIONS?

L’appui de la population est très important. Tous les gouvernements sont extrêmement sensibles à l’opinion publique. De là l’importance de bien communiquer avec les citoyennes et citoyens, de leur exprimer clairement nos revendications afin qu’ils puissent bien saisir les véritables enjeux qui les concernent eux aussi. Nous, les travailleuses et travailleurs, n’avons qu’un seul désir : obtenir des conditions d’exercice qui permettront d’assurer les meilleurs services possibles à l’ensemble de la population.

QU’EST-CE QUE LA CSQ ET SES MEMBRES PRÉVOIENT FAIRE POUR OBTENIR L’APPUI DE LA POPULATION?

Nous serons présents sur la place publique et dans les médias afin d’expliquer l’état des conditions d’exercice dans nos réseaux publics et les répercussions sur le personnel et les services à la population. Nous allons nous efforcer de faire le lien entre le bienfondé de nos revendications et les intérêts des citoyennes et citoyens.

Notre message sera simple et direct : le gouvernement a la marge de manœuvre budgétaire pour agir. De nombreux surplus sont disponibles. Les travailleuses et les travailleurs ont contribué largement à ces résultats. Les citoyennes et citoyens ont aussi fourni leur part d’efforts, et c’est maintenant assez.

C’est le moment de donner un véritable coup de barre pour prendre une nouvelle direction et rétablir les services publics de qualité auxquels la population a droit. Il faut également accorder au personnel des augmentations salariales beaucoup plus importantes que celles consenties lors des dernières négociations. Les marges de manœuvre financières le permettent, et il n’y a aucune raison pour que le gouvernement ne soit pas à l’écoute.

QUE DITES-VOUS AU GOUVERNEMENT POUR LE CONVAINCRE DE MANIFESTER DE L’OUVERTURE DANS LA NÉGOCIATION?

Il faut que la négociation de bonne foi prévue au Code du travail se transpose aux différentes tables de négociation. La partie patronale devra être à l’écoute des besoins de tous, car ce sont les gens du terrain qui connaissent les solutions. Personne ne sait ce qui se passe au quotidien dans nos établissements d’éducation, et de santé et de services sociaux mieux que le personnel qui y travaille. Les représentantes et représentants patronaux ont intérêt à entendre ce que nous avons à dire.

CETTE NÉGOCIATION SE DISTINGUE-T-ELLE DES PRÉCÉDENTES?

Fondamentalement, les négociations sont toutes semblables quant au processus de déroulement. Cependant, les enjeux et les revendications varient.

Dans le cas de cette négociation qui débute, la nécessité d’améliorer les conditions d’exercice et de bonifier les salaires est particulièrement criante après les années de coupes et de compressions que nous avons subies.

Les travailleuses et les travailleurs ne peuvent plus continuer à porter à bout de bras, dans des conditions de travail pénibles et inacceptables, nos services publics. Ce n’est pas l’effet du hasard si les taux d’absentéisme pour congé de maladie de longue durée sont à la hausse. C’est parce que les conditions de travail actuelles rendent le personnel malade.

JUSQU’À QUEL POINT LA MOBILISATION DES MEMBRES FAIT-ELLE LA DIFFÉRENCE DANS UNE NÉGOCIATION?

Elle fait TOUTE la différence. Aucun gouvernement ne peut demeurer indifférent à la solidarité et à la mobilisation des travailleuses et des travailleurs du secteur public. C’est la meilleure façon de lui envoyer le message que nous tenons à nos revendications et que nous sommes déterminés à améliorer nos conditions de travail. La force de notre mobilisation influence également l’opinion publique en notre faveur.

QUELS SONT LES ATOUTS DE LA CSQ AU MOMENT D’ENTREPRENDRE CETTE NÉGOCIATION?

Nos meilleurs atouts, ce sont nos membres, leur solidarité et leur représentativité.