Née à Kahnawake, j'ai été marquée dans ma jeunesse par l'exemple de ma mère, seul parent de notre famille. Je l'ai toujours vu étudier. C'était une priorité, pour elle, que mon frère et moi soyons scolarisés, raconte-t-elle.

Ce ne fut pourtant pas un parcours facile pour elle, ne sachant pas comment trouver les ressources pour ne pas décrocher. « Venant d'une société où la tradition orale est importante, j'avais une manière différente d'apprendre, davantage par l'écoute et l'expérimentation que par les livres. »

Le désir profond de changer les choses

Au cours de son cheminement scolaire, elle n'a jamais rencontré d'enseignante ou d'enseignant autochtone. « Lorsque je suis arrivée au Collège Dawson en tant qu'étudiante, il n'y avait pas de services spécifiques pour les autochtones. Je me sentais seule. Je me suis isolée. Même chose lorsque j'ai fréquenté l'Université Concordia. »

Elle remarqua aussi l'absence des peuples autochtones dans les livres de classe.« J'ai compris assez rapidement que le système était conçu de manière à nous exclure. Cela est devenu une motivation importante pour moi de poursuivre mes études, car je voulais changer cela! »

Un lieu essentiel pour les jeunes autochtones

Forte de ses quatre années d'enseignement à l'Institution Kiuna d'Odanak – le premier cégep consacré à l'éducation des autochtones –, de ses liens avec sa communauté et de ses propres recherches comme doctorante à l'Université d'Ottawa, elle est prête à relever le défi.

« Le First Peoples' Centre, c'est un local aménagé de manière à ce que les jeunes autochtones puissent se retrouver entre eux, décompresser dans un endroit sécuritaire, utiliser les ordinateurs pour leurs travaux et recevoir l'aide pédagogique nécessaire. »

Une confidente importante

À titre d'intervenante de première ligne, Orenda Boucher devient la confidente à qui parler. « Plusieurs ont quitté leur communauté pour poursuivre des études collégiales, et l'ennui devient un problème majeur. »

Elle oriente les jeunes dans les différents services du collège, notamment l'accès au soutien pédagogique. « Parfois, je leur tiens la main pour les accompagner à leurs premiers rendez-vous ou les soutenir dans les situations d'urgence. »

Des enjeux cruciaux

Et puis il y a toutes ces initiatives en marche : la création du Jardin des trois sœurs, le Festival des récoltes, l'engagement des jeunes autochtones dans des projets bénévoles auprès de la communauté et la réalisation d'activités sur la culture des Premières Nations à l'intention de la population étudiante du collège.

L'expérience est neuve, mais les enjeux sont cruciaux. Cette année, 22 nouveaux autochtones fréquenteront le Collège Dawson. Le défi : leur permettre de développer un sentiment d'appartenance et de réussir leur scolarité. Un dossier à suivre.