Le mentorat s’avère un moyen efficace d’assurer la relève syndicale. C’est du moins ce que démontre un projet novateur lancé par la CSQ.

Guy Croteau

Les personnes qui occupent depuis peu des responsabilités syndicales, que ce soit à titre de délégués, de membres de comités ou autres, ne savent pas toujours à qui adresser leurs questions ni vers qui se tourner en cas de difficulté. « Le mentorat permet d’établir un canal de communication direct et d’obtenir de l’aide ou des conseils, rapidement », explique Guy Croteau1, qui a été mentor dans le cadre du projet pilote.

Le programme de mentorat de la CSQ, élaboré en étroite collaboration avec les chercheures Nathalie Lafranchise et Marie-Josée Gagné2, et le Service aux collectivités de l’UQAM, proposait une démarche structurée de conception de projets par les syndicats, de formation et d’accompagnement. Avec l’important soutien mis à la disposition des syndicats, une équipe solide et complémentaire a ainsi pu organiser les premiers essais en 2018.

« L’objectif de cette initiative est de favoriser le recrutement et le maintien de la relève en lui offrant du soutien, explique Line Camerlain3. Nous accordons beaucoup d’importance à la relève, car nous croyons que son engagement est un puissant carburant de notre organisation. »

Un appui qui tombe à point

À titre d’ancienne mentorée, Annick Lefebvre4 confirme l’apport positif qu’un tel projet lui a apporté. « J’avais peu de connaissances syndicales et je voulais être à la hauteur de mes responsabilités de représentante. Savoir que quelqu’un m’épaulerait dans ma démarche m’a enlevé un gros poids des épaules. »

« Un simple coup de fil ou même un texto peuvent suffire pour obtenir une information essentielle ou de précieux conseils, explique Annick Lefebvre. Mon mentor était très disponible et répondait à mes questions rapidement. On se rencontrait une fois par mois, mais les échanges se faisaient surtout selon les besoins et non en fonction d’un horaire préétabli. Les questions ou les difficultés peuvent surgir n’importe quand; il faut donc faire preuve de souplesse. »

Un jumelage basé sur les affinités

« Le choix du mentor se fait sur une base volontaire, explique Guy Croteau. La personne mentorée choisit son mentor, de sorte qu’elle ne se fait pas imposer quelqu’un avec qui elle a peu d’atomes crochus. Cela favorise la création du lien de confiance. »

Annick Lefebvre avait d’ailleurs choisi Guy Croteau comme mentor, puisqu’elle le connaissait déjà. « Il m’inspirait confiance, précise-t-elle. C’est une personne respectueuse et à l’écoute. Ses remarques étaient toujours honnêtes et constructives. »

Les qualités recherchées

Annick Lefebvre

Selon Annick Lefebvre, les mentors doivent faire preuve d’honnêteté, de respect, d’écoute et de disponibilité. Les personnes mentorées, quant à elles, doivent être ouvertes d’esprit, avoir le sens de l’initiative, savoir coopérer et accepter la critique constructive.

Grâce au soutien de son mentor, Annick Lefebvre a réussi à surmonter les difficultés rencontrées en cours de route. « Guy m’a transmis de nombreuses connaissances et m’a aidée à me sentir plus en confiance. Il m’a rassurée quant à mes décisions et m’a fait de bonnes suggestions. »

De son côté, Guy Croteau a également apprécié son expérience en tant que mentor. « En plus de créer de beaux contacts avec les gens, cela suscite une réflexion sur nos façons de faire les choses et l’envie de nous améliorer. J’ai aussi trouvé que le mentorat favorise une belle cohésion entre les participants. »

Création d’une trousse de mentorat

Une analyse préliminaire du projet pilote révèle qu’il a été perçu de manière très positive par les participantes et participants. Compte tenu de ces résultats, la CSQ prévoit lancer une trousse de mentorat pour les syndicats au cours des prochains mois et offrir le programme à tous les affiliés. Le matériel comportera notamment des capsules vidéos permettant de mieux soutenir les milieux à distance.

« Ce projet ne m’a apporté que du positif, termine Annick Lefebvre. Je le conseille à toutes les personnes qui ont depuis peu des responsabilités syndicales! »


1 Guy Croteau est secrétaire-trésorier et responsable du volet sécurité sociale du Syndicat du personnel de l’enseignement des Hautes-Rivières (SPEHR-CSQ).
2 Nathalie Lafranchise est professeure et chercheure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM et Marie-Josée Gagnée est coordonnatrice de recherche à l’UQAM.
3 Line Camerlain est première vice-présidente de la CSQ.
4 Annick Lefebvre est membre du Syndicat du personnel de l’enseignement des Hautes-Rivières (SPEHR-CSQ).