Claire Montour[1] déplore l’état actuel du système de santé et l’inaction du gouvernement pour corriger la situation.

« Devoir se familiariser constamment avec de multiples environnements de travail et maîtriser de nombreuses expertises crée une surcharge psychologique qui mène plusieurs personnes à l’épuisement professionnel. Pas surprenant que les gens ne veulent plus des postes à temps complet actuels, qui sont instables et inhumains. En fait, plusieurs travailleuses et travailleurs épuisés et découragés ont perdu espoir de voir leur situation s’améliorer. Les choses doivent absolument changer! »

Une question de stabilité

La CSQ et la FSQ-CSQ jugent que le nouveau gouvernement doit respecter le personnel de la santé et regagner sa confiance. Il doit notamment lui garantir des conditions de travail décentes et créer des postes à temps complet attrayants qui permettront de stabiliser les équipes de soins.

« C’est la seule façon de briser le cercle vicieux des difficultés organisationnelles, de régler de façon durable la pénurie de main-d’œuvre et d’assurer la prestation de soins sécuritaires et de qualité », ajoute Sonia Ethier[2].

Une question de sécurité

Le manque d’effectifs, l’instabilité des équipes de soins et l’épuisement généralisé du personnel affectent indéniablement la qualité et la sécurité des soins, comme en témoignent la hausse inquiétante des incidents et des accidents dans le réseau, et l’augmentation des plaintes et des signalements.

« Dans certaines régions, la hausse des accidents survenus lors de la prestation de soins de santé se chiffre à près de 17 % au cours de la dernière année », poursuit la présidente de la CSQ.

Des exigences professionnelles élevées

De plus, les nombreuses exigences professionnelles et la multiplication des outils d’évaluation et de surveillance clinique ajoutent à la complexité des tâches. Il existe par exemple en santé mentale plus d’une dizaine de guides cliniques[3] pour soutenir l’élaboration du plan thérapeutique infirmier (PTI).

Dans un département de médecine en milieu hospitalier, on peut dénombrer plus d’une quarantaine de formulaires cliniques. Plusieurs interventions font l’objet de directives infirmières et de protocoles médicaux.

« Déplacer le personnel d’un secteur d’activité à l’autre alors que les obligations professionnelles sont de plus en plus spécifiques et exigeantes peut mener à des erreurs et compromettre la qualité des soins. Cela est tout à fait insensé! », s’indigne Claire Montour.

Quatre actions et 100 jours pour les réaliser 

Le 13 septembre dernier, alors que la campagne électorale battait son plein, Sonia Ethier et Claire Montour ont interpellé publiquement les chefs des quatre partis politiques à l’occasion de leur premier débat. Au nom des travailleuses et des travailleurs de la santé, elles ont exigé des chefs qu’ils s’engagent à réaliser dans les 100 premiers jours de leur gouvernement quatre actions fondamentales et urgentes pour remettre le système de santé sur les rails :

  1. Rehausser et stabiliser dès maintenant le financement des établissements de santé afin qu’ils puissent afficher des postes à temps complet attrayants et corriger de façon durable les problèmes de pénurie qui accablent notre réseau de santé;
  2. Décentraliser la gestion des ressources humaines, redonner aux différents milieux de travail la capacité de gérer les horaires du personnel en fonction des besoins spécifiques et de la réalité de chaque milieu, et cesser la gestion des horaires en ayant recours de façon systématique aux heures supplémentaires;
  3. Émettre une directive ministérielle interdisant les exigences indécentes de flexibilité et de mobilité;
  4. Adopter une loi-cadre visant à promouvoir et à soutenir la conciliation famille-travail-études.

Sortir la santé de la grande noirceur

Il y a 60 ans, le premier ministre Paul Sauvé, successeur de Maurice Duplessis, enclenchait la sortie du Québec de la Grande Noirceur en 100 jours. Grâce à quelques mesures concrètes votées rapidement, il ouvrait grand la porte à l’équipe de Jean Lesage et à la Révolution tranquille.

Le nouveau gouvernement aura-t-il le courage de s’en inspirer? Pour suivre l’évolution du dossier : 100jourssante.lacsq.org/.


[1] Claire Montour est présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ).
[2] Sonia Ethier est présidente de la Centrale des syndicats du Québec.
[3] Symptômes psychologiques et comportementaux de la démence (SPCD), Comportements inadaptés, Consommation de substances, Delirium, Troubles cognitifs, Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA ou TDAH), Troubles de l’humeur : épisode dépressif, Troubles de l’humeur : épisode maniaque, Troubles psychotiques, Risque de violence, Risque suicidaire, Suivi en lien avec la médication.