Les relations entre les syndicats et le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale ne sont pas toujours faciles, il faut en convenir. Cependant, lorsque j’ai lu Le Soleil ce matin, je me suis souvenue qu’il y a toujours des points sur lesquels nous pouvons nous entendre, comme l’amélioration des conditions dans lesquelles les travailleuses et travailleurs du Québec gagnent leur vie.

Le ministre a en effet déclaré dans une entrevue qu’il souhaitait s’attaquer aux problèmes de santé mentale liés au travail, notamment les facteurs de risque psychosociaux, un dossier qui nous occupe depuis un bon moment déjà. Vous avez certainement vu passer notre campagne publicitaire visant à sensibiliser à ces sept facteurs de risque :

  1. Une charge de travail élevée et des contraintes de temps;
  2. Une faible reconnaissance des efforts et des résultats;
  3. Le manque d’autonomie et d’influence dans le travail;
  4. L’insécurité d’emploi;
  5. Le faible soutien des collègues et des supérieurs;
  6. La violence et le harcèlement psychologique;
  7. Le peu de justice organisationnelle.

Sous le thème Tout cela n’est pas dans ta tête, la campagne mise sur des perruques originales et percutantes pour incarner les facteurs de risque psychosociaux du travail, bien réels, qui peuvent rendre malade. C’est une étape importante d’une longue réflexion sur les problèmes liés à l’organisation du travail et auxquels les membres de la CSQ sont confrontés, jour après jour.

Prévenir et guérir

Le ministre Boulet évoque une préoccupation particulière pour la prévention et c’est effectivement par là qu’il faut passer si nous voulons attaquer efficacement les facteurs de risque psychosociaux. La recherche montre que l’organisation du travail est à la base des problèmes de santé qui peuvent affecter les travailleuses et travailleurs jusque dans leur vie personnelle.

Ce n’est pas la faute des travailleuses et travailleurs. Trop souvent, les individus en viennent à remettre en doute leurs compétences parce qu’ils sont incapables de s’adapter ou de se conformer aux exigences insensées du travail. Et lorsqu’un arrêt de travail en résulte, il n’est pas rare que l’on diagnostique un trouble d’adaptation, comme si nous devrions savoir nous adapter au harcèlement, à la violence ou à la surcharge de travail, à son rythme et à son intensité insensés. C’est complètement aberrant!

Au-delà d’une reconnaissance facilitée des conséquences sur la santé des individus par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), il faut reconnaître que des philosophies de gestion axées sur les résultats (autrement appelée « méthode LEAN » ou « nouvelle gestion publique ») sont un terreau fertile pour les facteurs de risque psychosociaux. Ces modes de gestion, combinés à une baisse constante de ressources, ont des conséquences importantes sur les conditions d’exercice. Par exemple, la hausse de la surcharge de travail en raison de l’intensité et de la complexité des tâches provoque du stress, de l’épuisement et des symptômes de dépression et d’anxiété.

Monsieur le ministre, travaillons ensemble!

L’ouverture et la volonté du ministre du Travail de s’attaquer à ces problèmes sont rafraîchissantes et arrivent à point nommé. Toujours aux prises avec les conséquences des politiques d’austérité menées par les gouvernements précédents en éducation, en petite enfance et en santé, les travailleuses et travailleurs du secteur public sont plus que motivés à trouver des solutions à ces problèmes. Ils agissent déjà, dans leurs milieux de travail, pour réfléchir et transformer l’organisation du travail afin de la rendre plus saine.

Monsieur le ministre, vous pouvez compter sur nous, à la CSQ, pour partager notre expertise, nos constats et nos pistes de solution avec vous pour atteindre cet objectif commun qui est d’assurer une meilleure santé et sécurité au travail pour les travailleuses et travailleurs du Québec. Nous attendons votre appel!