L’enseignement à distance s’est imposé sans qu’une réelle réflexion sur les façons de faire et les éventuelles répercussions, tant sur les élèves que sur le personnel, soit entreprise. La crise sanitaire a été un laboratoire à ciel ouvert pour documenter plusieurs dispositifs d’enseignement à distance : en ligne synchrone (temps réel) ou asynchrone (en différé), comodal (l’élève choisi entre le mode à distance ou en présence) et hybride (parfois à distance, parfois en présence et parfois en simultané). Que retenir de ces expériences?

De conséquences réelles

La Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ) a effectué une recherche qualitative afin d’amorcer une réflexion sur la qualité de l’apprentissage des élèves en contexte d’enseignement à distance, de détailler la transformation de la tâche chez les membres et de répertorier les effets sur les conditions de travail.

Dix constats en ont été tirés, dont ceux révélant que la technologie n’a pas autant motivé les élèves que ce que prétendent les recherches, que l’effritement de la relation enseignant-élève est alarmant et que la tâche s’alourdit, se complexifie au point de générer un sérieux sentiment d’incompétence.

« Ces résultats ont permis d’interpeler le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, sur la réalité vécue dans nos milieux et de prendre acte des conséquences que ce type d’enseignement a eues auprès du personnel enseignant et des élèves », affirme le président de la FPEP-CSQ, Stéphane Lapointe.

Les élèves apprennent mieux en classe

À la suite du sommet sur la réussite éducative, le ministre de l’Éducation a publiquement reconnu que les élèves apprennent mieux en classe. Les expériences vécues à distance ne sont pas toutes mauvaises, mais il est clair qu’elles ne parviennent pas à reproduire les conditions idéales d’apprentissage et de transmission des connaissances.

Alors avant que certains établissements commettent l’erreur de normaliser une approche qui devait être exceptionnelle, il y a urgence d’agir pour identifier les conditions de mise en œuvre de l’enseignement à distance. « Il ne faut pas emprunter cette voie pour n’importe quelles raisons, dit Marie-Josée Dallaire, première vice-présidente de la FPEP-CSQ. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, l’enseignement en ligne a pour effet de déconnecter le personnel enseignant et les élèves, et de rompre un lien précieux qui favorise l’apprentissage. »

Pour un virage numérique concerté et respectueux

Tant et aussi longtemps que le ministère de l’Éducation ne se prononcera pas sur des balises claires pour encadrer le recours à l’enseignement à distance, la FPEP-CSQ continuera à documenter dans quelles conditions ce type d’enseignement est susceptible d’enrichir ou d’appauvrir la relation pédagogique entre le personnel et les élèves.

Sans la présence d’un ensemble de conditions permettant de garantir un engagement supplémentaire des élèves, d’éviter un alourdissement de la tâche du personnel enseignant et d’apporter une contribution significative à la réussite éducative, le recours à l’enseignement à distance doit demeurer exceptionnel.