Des services de garde qui demandent aux parents de laisser les enfants à la maison, des élèves à besoins particuliers laissés en plan, des classes sans profs à la rentrée.

Si la pénurie de main-d’œuvre en éducation était un enjeu préoccupant avant la pandémie, elle n’a fait que s’exacerber au cours des trois dernières années, selon le président de la CSQ, Éric Gingras : « Ce problème génère des situations de plus en plus préoccupantes dans le réseau scolaire, engendre une surcharge de travail pour le personnel en poste et menace la qualité et l’accessibilité aux services à assurer aux élèves du Québec. »

Josée Scalabrini, Éric Gingras, Éric Pronovost et Jacques Landry

Des élèves sans service

Alors que la Loi sur l’instruction publique prévoit que les élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage ont droit à des services éducatifs, le Protecteur du citoyen révélait dans son rapport, publié en juin 2022, que des enfants ne reçoivent toujours pas de services basés sur leurs besoins réels. L’un des constats de l’enquête : « les organismes scolaires (centres de services scolaires et commissions scolaires) ne disposent pas du personnel requis pour répondre aux besoins de tous les élèves. »

Fermer la porte aux agences privées

« Il manque à ce point de professionnelles et de professionnels dans les écoles que le ministère ouvre grande la porte aux agences privées, affirme le président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), Jacques Landry. Il est pourtant évident que le personnel professionnel scolaire est le mieux placé pour offrir des services adaptés et réalisables par l’école. »

Donner de l’air au personnel

Pour améliorer la qualité et l’accessibilité des services aux élèves, il faut replacer l’éducation au cœur des priorités. « Les besoins de main-d’œuvre sont urgents, mais ce n’est pas nouveau, dit Éric Gingras. Pour renflouer le personnel de nos écoles, il faut valoriser le travail, les compétences et le professionnalisme du personnel scolaire et rendre tous les postes de travail du réseau plus attrayants et plus compétitifs. »

La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini, abonde dans le même sens et croit que si on veut donner aux gens le gout de travailler auprès des élèves dans les classes et de rester, il faut leur offrir de meilleures conditions d’enseignement. Selon elle, les profs sont clairs : « Ils veulent que la taille des groupes soit ajustée selon les besoins des élèves et que les classes soient mieux équilibrées. Ils demandent un allègement de leur tâche afin de pouvoir se consacrer à la réussite des élèves. »

Mettre fin à la précarité des emplois

« Malgré le manque de personnel de soutien scolaire, bien des centres de services scolaires proposent encore un nombre élevé de postes de moins de 25 heures par semaine », affirme le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost.

« Comment peut-on penser attirer ainsi le personnel de soutien scolaire alors que les gens font face à l’augmentation du cout de la vie? se questionne-t-il. La solution passe par une augmentation des heures qui permettraient au personnel de soutien de prévenir les problèmes plutôt que de les subir. »

Urgence d’agir

La ronde de négociations du secteur public qui s’amorce est un rendez-vous que le gouvernement ne doit pas manquer pour l’avenir des élèves du Québec, croit Éric Gingras. « Il doit prendre toute la mesure de la situation et dépasser l’approche traditionnelle de la confrontation. Nous avons des solutions à proposer pour redonner un nouveau souffle à notre système public d’éducation, et c’est aux tables de négociation que ça commence! »