Il est de notoriété publique que le plomb est une substance nocive pour la santé humaine et que certains groupes, en particulier les enfants, y sont très vulnérables. Pourtant, une des premières décisions malavisées du gouvernement a été d’abolir un volet du projet VisezEau à l’école qui consistait justement à vérifier la qualité de l’eau dans les établissements scolaires! Force est de constater que « La priorité à l’éducation », promesse sur laquelle la CAQ s’est fait élire, a sérieusement du plomb dans l’aile.

Ignorer la science

Cette décision a été prise contre l’avis de chercheurs. Les données du Centre québécois de recherche sur l’eau montraient pourtant que, depuis quelques années déjà, la présence de contaminants, notamment le plomb, présentait un problème persistant dans nos écoles.

Sous la pression des médias, le gouvernement a dû faire volteface, ordonnant qu’une vérification de la qualité de l’eau dans les écoles et les services de garde soit effectuée. Seule décision logique et urgente à prendre dans les circonstances. Cependant, pour des raisons évidentes de santé publique et par souci de transparence, on devrait aussi obliger les écoles à procéder à des tests de façon périodique et à rendre publics les résultats de ces analyses, comme c’est le cas en Ontario. En raison des infrastructures vétustes devenues souvent hors normes, les plus anciennes écoles devraient faire l’objet d’une attention prioritaire puisqu’elles présentent des risques accrus.

Un danger pour les élèves et le personnel

Par ailleurs, en vertu du Règlement sur la santé et la sécurité du travail, tout établissement doit mettre à la disposition des travailleuses et des travailleurs de l’eau potable dont la qualité est conforme aux normes en vigueur. On parle ici d’enfants et de personnels exposés, faut-il le rappeler. Vu sous cet angle, le gouvernement a failli à ses obligations en matière de prévention. Les conséquences sur les personnes exposées à ce contaminant seront difficiles à déterminer puisqu’elles ne se manifestent souvent qu’à long terme.

Ce que met en lumière cette crise, c’est le triste résultat de décennies de négligence et de sous-financement pour l’entretien des infrastructures de notre réseau public d’éducation. Ce que met aussi en lumière cette crise tient au fait que nous avons été dupés par les gouvernements qui se sont succédé, qui, élections après élections, juraient pourtant la main sur le cœur que l’éducation était LA priorité. Cette fois-ci, l’impact potentiellement négatif sur la santé des gens qui fréquentent le réseau commande plus que des mesures ponctuelles.

Il y a urgence d’agir en procédant à des investissements judicieux et structurants à moyen et long terme pour entretenir et rénover convenablement nos infrastructures. Il faut aussi rapidement mettre en place des mesures de prévention permanentes, adaptées et rigoureuses. Mais encore faut-il que ce soit une priorité...