Au tout début de la pandémie, beaucoup de monde pensait que les profs de cégep n’avaient plus d’obligation, que les cours étaient suspendus, alors qu’après 2 semaines de confinement les cours avaient repris à distance, rappelle celui qui a enseigné les arts visuels pendant 23 ans et qui est aujourd’hui président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Rivière-du-Loup et vice-président de la FEC-CSQ1.
Le réseau collégial a en effet réussi un petit tour de force en mettant sur pied rapidement des mécanismes pour permettre aux jeunes de terminer leur session d’hiver du mieux possible. « Malgré la satisfaction d’avoir pu finir la session, nos membres sont arrivés au printemps très fatigués et en anticipant déjà les aléas de la rentrée automnale », ajoute Youri Blanchet.
Dès le 3 aout 2020, les enseignantes et enseignants de Rivière-du-Loup étaient de retour au travail pour préparer la rentrée sous forme hybride : division des groupes en deux, avec une moitié en présence et l’autre à distance, en alternance. « Nous souhaitions privilégier l’enseignement en présence, dans la grande majorité des cours, sauf pour les profs et les jeunes immunodéficients. Lors de la rentrée, les étudiantes et les étudiants étaient très heureux de constater ce fonctionnement, car plusieurs étaient découragés de la formule en formation à distance », précise Youri Blanchet. Bon nombre d’étudiantes et d’étudiants étrangers ont d’ailleurs passé l’été à Rivière-du-Loup de peur de ne pas pouvoir revenir à l’automne. Un enjeu très important d’ailleurs pour les inscriptions dans cet établissement qui compte notamment 17,5 % d’étudiants internationaux, majoritairement des jeunes Français.
Une deuxième vague hâtive au Bas-Saint-Laurent
Le Cégep de Rivière-du-Loup a dû fermer ses portes 4 semaines seulement après le début de la rentrée scolaire 2020. « Les profs ont trouvé ça très difficile, d’avoir à offrir tous les cours à distance. Plusieurs s’étaient résignés à accepter la situation avec un modèle hybride dans lequel ils allaient rencontrer leurs étudiantes et leurs étudiants. L’enseignement et le contact humain, ça va ensemble! Le passage cent pour cent à distance en a découragé plusieurs, car tous leurs cours devaient à nouveau être restructurés. J’ai senti un essoufflement jamais vu à ce temps-ci de l’année », constate le représentant syndical.
En plus des dizaines d’heures passées devant son écran pour des rencontres virtuelles, tant avec la direction qu’avec ses collègues syndicaux, Youri Blanchet a offert une oreille attentive et bienveillante à un très grand nombre de profs. « Un jour, l’une d’elles, mère d’une famille monoparentale de plusieurs enfants, m’a appelé pour me parler de ses problèmes tant professionnels que personnels. Quand elle s’est confiée à moi, je me suis dit : "Mais comment fait-elle?" Heureusement, dans ce cas-ci, on a trouvé des solutions pour arranger la situation. Plusieurs de nos membres nous ont d’ailleurs remerciés pour notre écoute attentive. Avec la crise sanitaire et l’isolement, les gens ont eu besoin de s’exprimer, car chaque problème peut prendre une ampleur considérable… Tout le monde a la mèche courte », précise-t-il.
Un engagement syndical plus intense et à distance
Cet automne, Youri Blanchet a lui aussi été obligé de rester à la maison, car son fils avait contracté la COVID-19. Face à cette situation, le militant syndical a été confronté à plusieurs vagues d’émotions. « Un peu comme l’ont vécu les profs concernant le suivi électronique avec les étudiantes et les étudiants, qui a explosé, j’ai moi-même eu à gérer un très grand nombre de communications provenant du collège, de nos membres ou du milieu syndical », explique-t-il. Le président du Syndicat considère malgré tout que la situation est moins imprévisible qu’au tout début et que, même s’il en a assez d’être enfermé, la conciliation famille-militantisme est facilitée par la situation!
Un message positif
La jeunesse du Bas-Saint-Laurent s’est fait pointer du doigt à l’automne 2020; Youri Blanchet émet toutefois un commentaire positif la concernant : « La plupart des jeunes ont fait attention, et ils ont fait beaucoup d’efforts pour s’isoler. On a entendu bien du monde dire que les jeunes étaient irresponsables, mais c’est difficile de leur en vouloir d’avoir envie de vivre un peu leur jeunesse. Il faut qu’ils soient conscients, mais quand on est jeune on pense qu’on est invincible. Je ressens plus de frustration envers les responsables des bars et les organisateurs de partys qu’envers les jeunes. » Décidément, Youri Blanchet est un homme bienveillant.
1Fédération des enseignantes et enseignants de cégep.