Demain, les services éducatifs en milieu familial du Québec entreprendront une série de 13 journées de grève rotatives partout au Québec. Cette grève est la conséquence directe d’un manque total d’écoute et de respect du ministre Mathieu Lacombe et du ministère de la Famille envers les 10 000 responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) que nous représentons et qui accompagnent des dizaines de milliers de tout-petits dans leur développement.

Les RSE: essentielles, mais pas reconnues

Travaillant 50 heures reconnues par semaine (10 heures de garde par jour, ce qui n’inclut pas le ménage, la paperasse demandée par les bureaux coordonnateurs, les commissions, etc.), leur salaire équivaut en moyenne à 12,42 $ par heure. Ça, c’est moins que le salaire minimum! Imaginez : 12,42 $ par heure pour s’occuper de groupes multiâges de 0 à 5 ans, les accompagner dans leurs grands apprentissages, leur fournir des repas sains et équilibrés, préparer et appliquer un programme éducatif, les faire bouger, soigner les petits bobos, les rendre autonomes et prêts à faire leur entrée à l’école!

Les RSE sont, depuis toujours, le parent pauvre du réseau de la petite enfance. Le gouvernement Charest a essayé de les empêcher de se syndiquer. Le gouvernement Couillard leur a imposé des mesures d’austérité tout en dévalorisant le réseau en favorisant le développement chaotique des milieux privés. Le gouvernement Legault leur offre l’équivalent de 12,48 $ par heure. Quatre petits sous de l’heure. De quoi s’acheter deux gommes ballounes au bout d’une journée. C’est insultant!

Un ministre qui parle sans connaissance de cause

Pour comble d’insulte, le ministre Lacombe a affirmé qu’il souhaite négocier alors que ce sont SES équipes qui ont quitté la table de négociation. Le ministre est-il seulement au courant de ce qui se passe dans son propre ministère?

Je serai la première à le dire : il n’y aurait pas eu lieu d’avoir recours à de tels moyens de pression dans ce dossier. Les demandes des RSE sont raisonnables et raisonnées. Elles veulent avoir l’équivalent de ce que gagnent les éducatrices qu’on dit « non qualifiées » dans les centres de la petite enfance (CPE), soit 16,75 $ par heure.

Ce n’est pas farfelu. C’est même pas mal le gros bon sens lorsque l’on sait que pas moins de 8 000 places subventionnées en milieu familial ne sont pas occupées faute d’intervenantes de la petite enfance intéressées à utiliser le permis. Ce n’est pas en les maintenant dans la précarité que le ministre règlera ce problème!

Comment éviter la grève

Disons-le : cette grève et les inconvénients qui en découleront pour les parents sont de l’entière responsabilité de Mathieu Lacombe et de son gouvernement. Bonne nouvelle pour le ministre, cela dit, le débrayage est encore évitable si le ministre réalise les trois choses suivantes :

  1. Donner le mandat à son équipe de négociation de retourner immédiatement à la table de négociation;
  2. Aller chercher auprès du Conseil du trésor les sommes nécessaires à de vraies augmentations salariales pour les RSE;
  3. Écouter véritablement les demandes des RSE.

Monsieur Lacombe, la balle est dans votre camp. Les parents du Québec comptent sur vous pour éviter la grève et reconnaître enfin le travail exceptionnel de celles qui s’occupent si bien de nos enfants!