Nous avons d’ailleurs déclenché une grève de trois jours cette semaine pour tenter de sortir notre employeur, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de sa torpeur. Ce n’est pas des farces : nous négocions depuis trois ans pour essayer de lui faire entendre raison, mais c’est peine perdue. L’impasse est totale.
D’énormes responsabilités à faire face
Pourtant, nous ne demandons rien de plus que la justice. La majorité d’entre nous détenons un doctorat et plusieurs années d’études postdoctorales dans le domaine de la biologie médicale. Notre profession est ultraspécialisée et nécessite une connaissance approfondie des méthodes diagnostiques en biologie médicale et en épidémiologie moléculaire.
Nous assumons quotidiennement d’énormes responsabilités liées à la santé de l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens. À titre d’exemples, c’est à nous qu’on s’adresse pour la surveillance des virus respiratoires, la gestion des tests pour les virus Ebola et Zika, l’antibiorésistance ainsi que les menaces bioterroristes.
Un écart salarial injustifié et inacceptable
Pourtant, nous subissons un écart salarial de plus de 30 % avec nos collègues pratiquant un emploi similaire dans le réseau de la santé et de 60 % avec ceux des autres provinces. Ce n’est pas peu dire. L’injustice est énorme, mais ça ne la rend pas moins injuste pour autant.
Un tel écart est-il normal? Est-il acceptable? Absolument pas. Pourtant, l’Institut national de santé publique du Québec semble le croire, de même que le Conseil du trésor du Québec.
Une demande raisonnable
Pour notre part, nous considérons qu’avant de faire des cadeaux à gauche et à droite avec les surplus accumulés à nos dépens, le gouvernement devrait avoir le souci minimal d’effacer une injustice aussi flagrante au détriment des 21 professionnels et professionnelles du Laboratoire de santé publique du Québec.
Nous sommes d’ailleurs bien raisonnables. Nous demandons seulement de combler l’écart avec nos collègues du réseau de la santé. Rien de plus. Un écart salarial important persistera avec nos collègues des autres provinces.
Une situation urgente à régler
Et le temps presse, car il en va de la capacité du Laboratoire de santé publique du Québec à retenir son expertise pour pouvoir remplir sa mission unique et essentielle à l’égard de la société québécoise. Déjà, au cours des dix derniers mois, 20 % de nos membres sont partis pour aller poursuivre leur carrière sous des cieux plus favorables.
Un appel à Pierre Arcand
Il y a quelques heures à peine, le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, déclarait, en commentant le nouveau budget, que « nous dépensons l’argent que nous avons ». Nous sommes très heureux de l’apprendre. Alors, pourriez-vous en informer les dirigeants de l’Institut national de santé publique, qui semblent les seuls à ne pas avoir encore compris que l’austérité est maintenant chose du passé au Québec?
Si le gouvernement a de l’argent pour faire des cadeaux, il en a certainement pour effacer une injustice qui a suffisamment duré.
Sadjia Bekal, présidente du Syndicat des professionnels et professionnelles du Laboratoire de santé publique du Québec (SPPLSPQ-CSQ)