Combien d’équipes soignantes devront tomber au combat avant que le ministre Barrette et ses gestionnaires n’admettent les effets dévastateurs de leur réforme?

La situation à l’hôpital de Maria, dénoncée par le SIIIEQ-CSQ1, en est un exemple patent. « Pas moins de 40 % des infirmières de l’urgence sont en congé d’invalidité. Le CISSS2 de la Gaspésie prétend que la plupart des cas sont liés à des problèmes personnels. Cela n’a aucun sens : l’ampleur de la situation est telle qu’elle ne peut être liée uniquement à des motifs de ce genre! », dénonce Claire Montour3.

Certes, la hausse des lésions professionnelles et des primes versées en assurance salaire est un enjeu qu’il faut résoudre. « Mais encore faut-il reconnaître les causes afin d’éliminer, à la source, les difficultés vécues par le personnel de la santé. L’imposition de la réforme Barrette n’a pas uniquement bousculé les structures et les modes de gouvernance, elle a complètement déstabilisé une structure complexe de travail et de collaboration », poursuit-elle.

Claire Montour

Contrer les stratégies de gestion néfastes

Les deux milliards de dollars de compressions imposées aux établissements de santé ont forcé les centres intégrés à adopter des mesures d’optimisation budgétaires et des stratégies de gestion qui augmentent la précarité et la surcharge de travail, tout comme le stress et l’épuisement.

Pensons, notamment, aux abolitions de postes et au non-remplacement des postes vacants, au recours croissant aux équipes volantes pour obtenir plus de flexibilité et de mobilité, ainsi qu’à la fusion de nombreux centres d’activités, qui impose la maitrise de multiples expertises.

Le personnel soignant n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir : la réforme fait d’autres victimes, comme en témoigne l’augmentation de 40 % du nombre de médecins en détresse au cours de la dernière année. Quant aux gestionnaires, ils subissent au quotidien la menace d’une intervention ministérielle si les attentes liées au budget ne sont pas satisfaites. À cela s’ajoute le risque d’être congédiés si certaines cibles cliniques ne sont pas atteintes.

« Actuellement, on s’attaque au problème avec des mesures individuelles. Le nouveau cadre de référence sur le soutien et la réintégration au travail du ministre Barrette va très loin dans cette direction4. Or, les solutions doivent être collectives, car le problème est organisationnel. Plus que jamais, les collectifs de travail doivent serrer les rangs », conclut-elle.


1 Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est du Québec.
2 Centre intégré de santé et de services sociaux.
3 Claire Montour est présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ).
4 Pour en savoir plus sur cet enjeu, consultez l’article intitulé Malheur aux malades