La formation à distance recèle beaucoup de potentiel. Elle peut favoriser l’accès aux études supérieures et permet l’expression de nouvelles approches pédagogiques. Cela dit, les effets de la formation à distance comportent de nombreux imprévus.
Si certains effets s’avèrent désirables, d’autres, toutefois, nous enjoignent à la prudence. L’introduction de ces nouvelles méthodes contribue à la reconfiguration des pratiques et transforme les rôles des personnels enseignant, professionnel et de soutien. Les directions d’établissement doivent, quant à elles, financer l’intégration de ces activités à même les enveloppes budgétaires existantes et assurer une offre en concertation avec les autres établissements collégiaux ou universitaires.
Des investissements requis
Le mythe de l’optimisation financière en éducation portée par le numérique est loin de se matérialiser sur le terrain. L’élaboration de nouvelles formules pédagogiques et le déploiement d’une offre de cours à distance demandent du temps et nécessitent l’ajout de ressources à court, moyen et long termes.
Ces projets engendrent aussi des couts, car les besoins en matière de soutien technique augmentent, tout comme les frais d’acquisition et de renouvèlement des équipements. De plus, les dépenses reliées aux infrastructures ne fléchissent pas, étant donné que la population étudiante suit fréquemment ses cours à distance à même les installations multifonctions des cégeps et des universités.
Et la concurrence?
Dans un réseau comme celui des cégeps, la pression est forte pour aller chercher de nouveaux revenus, et la création de cours à distance constitue une possibilité intéressante. Dans un tel contexte, le déploiement non structuré de l’offre aura inévitablement pour effet de renforcer la concurrence malsaine entre les établissements. L’encadrement des nouveaux projets de formation à distance devra veiller à ne pas attiser la compétition en favorisant plutôt la coordination et la collaboration.
Miser sur l’expertise du personnel
Les efforts consentis à l’intégration de nouvelles méthodes d’enseignement devraient s’appuyer sur la mobilisation des compétences et des savoirs détenus par les personnels. C’est par le développement des capacités locales, et non par l’emploi à la pièce de tiers privés, que nous arriverons à soutenir de manière durable l’évolution de ces activités.
La progression de la formation à distance dans nos cursus n’est pas un phénomène passager, et l’enseignement en classe, qui rassemble la majorité de l’offre actuelle, n’est pas non plus en voie de disparition. Ce qui compte, c’est de poursuivre la démocratisation de l’accès aux études supérieures, de valoriser la qualité de la relation pédagogique et d’assurer la réussite d’une population étudiante de plus en plus diversifiée.
Le chantier
Animé par la volonté de rattraper ce qui était perçu comme un retard du Québec, notamment sur nos voisins ontariens, le MEES1 annonçait en aout 2017 la création du chantier eCampus.
Cette nouvelle plateforme, destinée à rassembler et à faciliter l’accès à l’offre de cours à distance produite par les établissements québécois d’enseignement supérieur, est l’une des mesures du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur du gouvernement.
1 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
2 Valérie Fontaine est présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ).
3 Suzanne Tousignant est présidente de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ).
4 Lucie Piché est présidente de la Fédération des enseignantes et des enseignants de cégep (FEC-CSQ).
5 Stéphane Lapointe est président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ).