« Si les médecins spécialistes ont droit à la parité salariale avec le reste du Canada, pourquoi n’aurions-nous pas le même traitement dans les secteurs de la santé et de l’éducation? » C’est à cette question que tente de répondre une nouvelle étude réalisée par la CSQ.

Bien que le mandat semble simple, plusieurs défis se sont présentés à l’équipe de recherche. D’abord, le Québec est la seule province qui négocie de manière centralisée les salaires du personnel des services publics. Ailleurs au Canada, les conditions varient selon les commissions scolaires, les hôpitaux et les régions. De plus, les corps d’emploi n’ont pas toujours de correspondance d’une province à l’autre, et les exigences de formation varient.

À l’aide des données des principales conventions collectives, des compilations de Statistique Canada et de certaines données du gouvernement fédéral, les chercheurs ont pu comparer les salaires de huit corps d’emploi (infirmier ou infirmière, infirmier ou infirmière auxiliaire, enseignant ou enseignante, agent administratif ou agente administrative, préposé ou préposée à l’entretien ménager, travailleur social ou travailleuse sociale, psychologue et ingénieur ou ingénieure), qui représentent près de 50 % du personnel des services publics.

Le grand écart

Les résultats de l’étude sont frappants : en moyenne au Québec, les huit corps d’emploi comparés ont, par rapport au reste du Canada, un retard salarial de 22 % pour l’échelon d’entrée et de 16 % au sommet de l’échelle.

Évidemment, à l’énoncé de ce résultat, les répliques sont faciles : « Oui, mais le cout de la vie est beaucoup plus élevé en Ontario ou en Alberta qu’au Québec! » « Avec 50 000 dollars tu vas beaucoup plus loin à Montréal ou à Québec, qu’à Toronto, Fort McMurray ou Vancouver! »

En prévision de cette réaction, les chercheurs ont corrigé les salaires en fonction des différences de prix entre les provinces. À l’aide de l’indice de parité des pouvoirs d’achat, les salaires du reste du Canada ont été ajustés selon leur valeur en « dollars québécois ».

Malgré cet ajustement, le retard salarial du secteur public québécois ne disparait pas. Le salaire horaire moyen au Québec est de 36,84 dollars alors qu’il est de 38,57 dollars en Ontario et de 40,16 dollars en moyenne au pays. C’est donc un retard de 8 % par rapport au reste du Canada.

Doublement en retard

L’écart salarial avec le reste du Canada n’est pas le seul. Au mois de novembre de chaque année, l’Institut de la statistique du Québec rappelle que les salaires des employées et employés des services publics québécois accusent un retard de 13,7 % par rapport à ceux de leurs consœurs et confrères des autres secteurs au Québec (secteurs privé, municipal, fédéral et sociétés d’État).

Ici aussi, la réplique est facile : « Oui, mais le bas salaire du secteur public est compensé par les nombreux avantages sociaux! » Pourtant, l’unique avantage social dans le secteur public demeure les congés et les jours de vacances. Ils sont 12,2 % plus nombreux que dans les autres secteurs. Le régime de retraite, bien qu’il offre une couverture de qualité, coute moins cher à l’employeur que la moyenne des régimes dans les autres secteurs. Ainsi, même en prenant en compte les avantages sociaux, un retard de 6,6 % persiste toujours.

Salaire horaire moyen dans le secteur public
Pour l’ensemble du Canada 40,16 $
En Ontario 38,57 $
Au Québec 36,84 $

Pour des salaires plus justes

Avec cette étude, pas de doute que la CSQ a fait ses devoirs en vue de la prochaine négociation. Cette étude qui sera indispensable pour rappeler au gouvernement le double retard salarial des employées et employés du secteur public. Quand on compare… on se désole. Il est temps de remédier à cette iniquité.