C’est qui le barbu en avant? C’est la question que Jonathan St-Pierre1 a lancée à une foule de 15 000 personnes lors du Festival Juste pour rire à l’été 2019.

Bien connu sur les réseaux sociaux sous le nom de Jonathan le Prof, cet enseignant et conseiller pédagogique de l’Abitibi-Témiscamingue aime bien faire rire. « J’ai décidé d’utiliser l’humour pour faire réfléchir les gens et les amener à changer leurs comportements », explique-t-il.

Le phénomène

C’est à la demande de ses élèves que Jonathan St-Pierre a ouvert sa page Facebook il y a plus d’un an et demi afin de partager du contenu informatif, mais divertissant.

L’enseignant était toutefois loin de se douter de l’ampleur que prendrait son projet. « Au bout d’une semaine, 1 000 personnes me suivaient déjà. Je me suis rendu compte qu’il se passait quelque chose », raconte-t-il.

L’environnement au premier plan

À la lecture de sa page Facebook, un thème se distingue : l’environnement et les changements climatiques. « C’est un sujet qui divise et sur lequel il y a beaucoup de fake news. Il faut rétablir beaucoup de faits! », explique l’enseignant.

Autant en classe que sur le Web, Jonathan St-Pierre favorise le développement de l’esprit critique des élèves. Selon lui, la meilleure façon de changer le monde, c’est de modifier les perceptions et les schèmes de pensée des jeunes. Par leurs actions, ces derniers influencent à leur tour leur entourage et mobilisent les communautés. « Il faut briser les patterns dans lesquels nous sommes enfermés. Les jeunes n’ont pas la rigidité d’esprit qu’on développe avec l’âge. Au Québec, les ados sont vraiment allumés! », précise-t-il.

L’enseignant fonde aussi beaucoup d’espoir sur le travail fait par le mouvement des EVB-CSQ2 dans les écoles du Québec depuis maintenant plus de 25 ans. Pour lui, les projets des EVB-CSQ sont autant de graines qui ont germé et dont on récolte aujourd’hui les fruits.

« Il faut briser les patterns dans lesquels nous sommes enfermés. Les jeunes n’ont pas la rigidité d’esprit qu’on développe avec l’âge. Au Québec, les ados sont vraiment allumés! »

Acteur de changement

C’est lorsque sa fille est née, il y a presque cinq ans, que l’enseignant s’est en quelque sorte « réveillé ». « Je me suis dit : impossible de rester les bras croisés. L’état du monde est déprimant, mais je veux pouvoir dire à ma fille dans 30 ou 40 ans que j’ai apporté ma contribution. Si je peux changer les choses pour que ce soit moins terrible que ce que les scientifiques annoncent, alors je dois le faire. »

Même si sa page Facebook compte des milliers d’adeptes dans des dizaines de pays, Jonathan le Prof ne se voit pas comme un « influenceur Web », un terme un peu galvaudé auquel il préfère « acteur de changement ». « Au quotidien, je demeure un prof bien normal », dit-il.

Faire rayonner la profession

Sa présence sur le Web a été bien accueillie par la Commission scolaire de Rouyn-Noranda, la direction et les collègues, qui y voient un beau rayonnement pour l’éducation en Abitibi-Témiscamingue.

« La liberté qu’on me laisse dans ce projet témoigne de la confiance que m’accorde l’ensemble du milieu de l’éducation de ma région. Pour moi, c’est aussi ça, l’école : faire confiance aux profs et leur donner les moyens de mettre leur couleur dans leur enseignement! », conclut-il.


1 Jonathan St-Pierre est membre du Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’Abitibi-Témiscamingue (CSQ).
2 Établissements verts Brundtland (CSQ).