J’ai l'impression de n’éteindre que des feux. « Les élèves qui ont une problématique jugée mineure ou moyenne n’ont pas accès aux services, malgré qu’ils auraient besoin d’aide et de soutien eux aussi. » « Les architectes, chargés de projet, ingénieurs sont les moins bien payés au Canada tous secteurs confondus. » « Les élèves à qui j’offre des services professionnels présentent des problèmes de santé mentale importants. Ils ont de grands besoins et ils n’ont pas le luxe d’attendre des mois pour recevoir des services en santé ou en psychologie. »
Ces mots sont tirés d’un sondage mené, en février 2021, par la FPPE-CSQ1 auprès de 10 000 de ses membres. Parmi les 3 060 personnes répondantes, environ 1 020 songent à quitter leur emploi.
Exode vers le privé
Pour expliquer ce désarroi professionnel, plusieurs raisons sont invoquées par les membres ayant répondu au sondage, dont la lourdeur du travail (63 %), le manque de reconnaissance (49 %) et le salaire insuffisant (41 %). Selon le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, ces données sont très préoccupantes, dans le contexte où il y a déjà un manque criant de professionnelles et professionnels de l’éducation dans le réseau scolaire pour venir en aide aux élèves ayant des besoins particuliers.
« Parmi ceux qui envisagent de quitter leur emploi, la moitié opterait en premier lieu pour un emploi similaire au privé. Cette donnée est très révélatrice puisqu’elle confirme que ce sont les conditions de travail, dans le secteur public, qui sont devenues intenables pour un grand nombre de professionnelles et professionnels », précise Jacques Landry.
Une surcharge de travail généralisée
Selon le président de la FPPE-CSQ : « Il ne faut pas se surprendre si les centres de services scolaires peinent non seulement à attirer des professionnelles et professionnels, mais également à garder en emploi celles et ceux qui se trouvent déjà dans le réseau scolaire. La cause directe est la surcharge de travail, qui est malheureusement généralisée. »
Selon 2105 personnes répondantes, des raisons bien précises expliquent cette lourdeur. Au total, 56 % l’attribuent au manque de ressources dans leur corps d’emploi et 51 % au manque de ressources dans d’autres catégories d’emploi (personnel enseignant, personnel professionnel technique et personnel de soutien).
Par ailleurs, les membres sondés croient que le manque de ressources est dû à l’incapacité à pourvoir les postes (66 %), aux difficultés à retenir le personnel professionnel (59 %) et au non‑remplacement des personnes absentes (58 %).
Des besoins non pourvus pour les élèves
Jacques Landry déplore que ce soit les élèves ayant besoin d’aide qui écopent des conséquences de ce sérieux manque de ressources professionnelles, additionné au grave problème d’attraction et de rétention du personnel.
« C’est clair qu’il y a un grand nombre d’élèves ayant des besoins particuliers qui ne reçoivent pas les services professionnels auxquels ils auraient droit », mentionne le leadeur syndical. En effet, 78 % des personnes répondantes au sondage affirment que seuls les élèves ayant un problème jugé urgent ont accès à un service. De plus, 73 % considèrent qu’il leur est impossible d’effectuer le nombre de suivis requis, alors que 66 % disent ne pas pouvoir intervenir de façon préventive.
Des négociations qui piétinent
Dans ce contexte, le président de la FPPE-CSQ juge cruciale la négociation en cours avec le gouvernement du Québec pour le renouvèlement des conventions collectives du secteur public.
« Nous faisons face à un gouvernement qui prétend que l’éducation est sa priorité, mais qui ne propose rien de concret aux tables de négociation pour améliorer la situation actuelle. Les porte‑paroles du gouvernement se comportent comme s’ils ne réalisaient pas à quel point la situation est déjà très sérieuse et met en péril la réussite éducative et l’avenir de nombreux élèves dans nos écoles », dit Jacques Landry.
Importante tournée québécoise
Tout au long du printemps, la FPPE-CSQ a dévoilé les résultats de son enquête, région par région, lors d’une tournée médiatique qui l’a menée aux quatre coins du Québec. C’est avec une demi‑journée de grève qu’a culminé la tournée, à Montréal, le 29 avril dernier.
1 Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (CSQ).