CSQ LE MAGAZINE : COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS VOTRE MANDAT À LA PRÉSIDENCE DE LA CSQ?

Sonia Ethier : Ce fut un mandat très riche et très important. Nous avons été confrontés à de nombreux défis auxquels nous ne nous attendions pas. La dernière année a été particulièrement intense en raison de la pandémie et de la négociation du secteur public. Nous sommes régulièrement sortis sur la place publique pour défendre les conditions de travail de nos membres et pour faire comprendre à la population que nos combats ne touchent pas seulement les travailleuses et travailleurs du secteur public, mais aussi l’ensemble de la société. Grâce à nos efforts, la population adhère au fait qu’il faut d’abord améliorer les conditions de travail du personnel si l’on souhaite avoir de meilleurs services publics.

QUELLES ONT ÉTÉ VOS GRANDES PRIORITÉS AU COURS DU TRIENNAT?

Ma priorité absolue, c’était le rapprochement de la CSQ avec ses membres. Dès le début de mon mandat, les membres du conseil exécutif et moi-même avons été à la rencontre de nos fédérations, du RUC-CSQ1, de l’AREQ-CSQ2 et de nos syndicats locaux pour connaitre leurs besoins et nous assurer d’être en harmonie avec eux. Nous voulions aussi leur présenter tout le travail que nos conseillères et conseillers, et l’ensemble du personnel de la Centrale, effectuent dans le but d’améliorer les conditions de travail de nos membres et les services à la population. C’était important que nos membres voient les visages de celles et ceux qui travaillent au conseil exécutif de la Centrale et qu’ils sachent que nous sommes près d’eux et de leur réalité.

Une autre de mes priorités était de porter la voix de nos membres sur la place publique et auprès du gouvernement. En trois ans, nous avons été en commission parlementaire à de nombreuses reprises. Nous nous sommes fait entendre sur plusieurs projets de loi concernant les services essentiels, la santé, l’éducation, la petite enfance, etc. D’une certaine façon, en portant la voix de nos membres, nous portons aussi celle des femmes. N’oublions pas qu’elles sont majoritaires dans nos rangs et dans les services publics.

AVANT D’ÊTRE PRÉSIDENTE, VOUS AVEZ ÉTÉ PREMIÈRE VICE-PRÉSIDENTE DE LA CSQ. QUAND VOUS REPENSEZ À VOTRE PASSAGE AU CONSEIL EXÉCUTIF, DE QUOI ÊTES-VOUS LA PLUS FIÈRE?

Ça a été une grande fierté pour moi de pouvoir porter la voix de nos membres pendant plusieurs années avec les autres personnes élues au conseil exécutif. Je suis fière du travail que nous avons fait pour démontrer l’importance des grandes centrales, et de la nôtre tout particulièrement, dans notre société.

N’ayons pas peur de le dire : les grandes centrales vivent des difficultés. C’est tellement pénible dans les milieux de travail et éprouvant pendant la négociation, que les gens ont parfois l’impression qu’ils iraient plus loin s’ils se regroupaient entre eux, par secteur. Au cours du triennat, nous avons toutefois démontré la force d’être en centrale, car notre discours est pris en compte. La CSQ est une actrice importante pour l’avancement de nos droits sociaux.

Comme responsable politique du comité en santé et sécurité du travail pendant six ans, je suis aussi très fière de nos réalisations pour faire valoir l’importance de la santé psychologique au travail. Nous avons notamment mis en place une grande campagne sur les risques psychosociaux liés à une mauvaise organisation du travail afin que les travailleuses et travailleurs comprennent que le problème n’est pas dans leur tête.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS QUE LA CENTRALE DEVRA RELEVER AU COURS DU PROCHAIN TRIENNAT?

La CSQ fera face à de grands défis dans les années à venir. Elle devra dresser le bilan de la présente négociation et préparer celle de 2025, en continuant de consolider les forces de toutes ses composantes.

En petite enfance, les négociations nationales en CPE3 suivront leur cours. Il faudra en arriver à une entente satisfaisante, à la hauteur des attentes de nos membres, afin d’éviter que les intervenantes continuent de quitter leur métier par dizaine, chaque semaine, comme c’est présentement le cas. Le peu de reconnaissance et le manque criant de ressources causent un épuisement profond dans ce secteur.

Il faudra aussi planifier l’après-pandémie et réfléchir aux enjeux futurs. Il sera nécessaire de dresser le bilan de ce qui s’est passé pendant la crise et de ce que cela a changé sur le plan du militantisme et des conditions de travail. La CSQ devra penser à la manière de continuer à défendre les droits de ses membres dans un monde du travail où tout change.

Parmi les autres défis, il y aura l’arrivée dans les secteurs que nous représentons d’une nouvelle forme de travail, où des travailleuses et travailleurs ne sont pas visés et protégés par le Code du travail. Il sera important que la Centrale trouve des solutions pour inclure et protéger ces personnes.

Il y aura aussi les défis liés au télétravail, qui s’est accru au cours de la dernière année à cause de la pandémie. Même s’il sera moins présent après la crise, le télétravail ne disparaitra pas. Cela va engendrer de la solitude et des enjeux sur le plan de la santé mentale. La Centrale devra réfléchir à cette réalité.

QUELS SONT VOS SOUHAITS POUR LA CSQ POUR LES PROCHAINES ANNÉES?

Je souhaite que le dialogue demeure ouvert à l’intérieur de la Centrale. La CSQ est un lieu où l’on débat, où l’on échange. Il faut continuer à travailler ensemble pour cerner les problématiques et trouver les bonnes solutions.

APRÈS PLUS DE 30 ANNÉES DE MILITANTISME, COMPTEZ-VOUS CONTINUER DE VOUS IMPLIQUER SYNDICALEMENT?

Au plus profond de moi, je vais demeurer une militante, une syndicaliste, même si je décide de m’éloigner. Je suivrai toujours l’actualité et je serai toujours à l’affut des enjeux de société qui touchent le milieu syndical. Je serai toujours fière de voir ma Centrale sur la place publique pour défendre les droits des travailleuses et travailleurs. Je serai toujours fière d’avoir milité, toutes ces années, pour la CSQ.


1 Regroupement des unités catégorielles.
2 Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec.
3 Centres de la petite enfance.