Lorsqu’ils allaient visiter grand-maman, les enfants de Nancy Racine1 étaient émerveillés par les poules qu’elle possédait. Cette fascination a fait naitre une idée chez cette responsable en services éducatifs en milieu familial : celle de construire un poulailler pour amuser ses tout-petits.

« Il y a un ou deux enfants qui ont eu peur au début, mais leur crainte s’est rapidement dissipée », raconte Nancy Racine. Aujourd’hui, le poulailler suscite l’intérêt de tous les petits, peu importe leur âge. « La première chose qu’ils font en arrivant, c’est d’aller dans la cour! »

Dehors, les poules et le canard se promènent pendant que les enfants jouent dans la cour. « Ça renforce le jeu libre, et une foule d’activités en émergent. Ça donne vraiment aux enfants l’envie d’aller à l’extérieur, même par mauvais temps! », affirme-t-elle. D’ailleurs, pour poursuivre l’expérience en hiver, le poulailler est maintenant isolé.

Nancy Racine

Pour une expérience complète

L’expérience ne serait pas aussi enrichissante sans la récolte de quelques œufs pour le diner! Après avoir reçu l’autorisation parentale, les enfants peuvent déguster un repas dont ils ont ramassé le principal ingrédient. L’initiative est bien vue par le bureau coordonnateur qui régit le service éducatif de Nancy Racine.

Un projet qui respecte les règles

Pour mettre sur pied un tel projet, il faut bien sûr se conformer aux règlements municipaux. La ville d’Alma par exemple, où demeure Nancy Racine, a limité la possession à trois poules par domicile. D’autres municipalités, comme Montréal, ont déployé des projets pilotes pour analyser la possibilité d’autoriser l’élevage en zone urbaine.

Des marathoniens en herbe

Les CPE2 ne sont pas en reste en matière d’initiatives pour stimuler l’envie de jouer dehors. Le groupe d’Anny Portelance3, du CPE La Grosse Maison à Montréal, passe une bonne partie de la journée à marcher en forêt. Certains enfants font même le parcours de 2 à 4 kilomètres en courant. De quoi mettre en forme une éducatrice!

Apprivoiser la nature

À défaut d’avoir des poules, les enfants âgés de 3 et 4 ans du groupe d’Anny Portelance regardent des chevreuils et apprivoisent la nature et les animaux. « Les petits peuvent passer des heures à regarder des écureuils, des lièvres ou des pics-bois et à chercher des feuilles », illustre-t-elle.

Entre deux parties de cachette dans les bois, les enfants s’aventurent à grimper sur des souches d’arbre sous la surveillance de leur éducatrice. Pour l’Halloween, les petits ont dû retrouver des objets éparpillés en forêt par une sorcière. Telle une véritable chasse au trésor, l’activité a connu un grand succès.

Laisser les enfants être eux-mêmes

Selon Anny Portelance, il faut éviter de surprotéger les enfants. « Oui, il y a un potentiel de danger quand on monte sur une roche, mais les petits sont constamment surveillés. Ils préfèrent de loin passer du temps en forêt plutôt que d’aller au parc. »

Selon l'éducatrice, les enfants se lassent vite du bricolage et ramènent tout à la forêt. Les parents rapportent régulièrement des discussions qu’ils ont avec leurs tout-petits sur leurs escapades extérieures.

Une journée typique

Anny Portelance accueille les enfants, parfois à l’intérieur, parfois à l’extérieur. Beau temps, mauvais temps, ils passent deux heures en forêt ensemble. À l’occasion, la responsable en alimentation du CPE prépare des sandwichs pour un casse-croute à l’extérieur.

Ensuite, c’est l’heure de la sieste… dehors! Le dodo à l’extérieur est possible grâce à une terrasse avec un toit qui protège les enfants des intempéries.

Les jeunes terminent la journée à l’extérieur, dans la cour, où ils attendent l’arrivée de leurs parents.

Éduquer les parents

Anny Portelance estime qu’il y a encore du travail à faire auprès des parents. « On essaie de démystifier notre philosophie avec eux, explique-t-elle. On va jouer sous la pluie et dans la "bouette". C’est certain que les enfants vont se mettre les mains par terre, et c’est correct. C’est juste sain! »

Anny Portelance

1 Nancy Racine est membre de l’Alliance des intervenantes en milieu familial – Saguenay-Lac-St-Jean-Chibougamau (CSQ).
2 Centres de la petite enfance.
3 Anny Portelance est membre du Syndicat des intervenantes en petite enfance de Montréal (CSQ).