La pandémie de la COVID-19 est une crise profonde aux multiples facettes dont les répercussions ont touché à chacun des fils qui tiennent la toile de la cohésion sociale de notre société. En médecine, en économie, en éducation, dans l’organisation du travail, dans les relations internationales, etc., chaque secteur a subi un choc.

Du jour au lendemain, certaines personnes salariées ont vu leur quotidien changer à cause de l’obligation d’effectuer du télétravail. D’autres, notamment en santé et en éducation, se sont vu imposer des modifications à leurs conditions de travail par le gouvernement en vertu du pouvoir lié à l’état d’urgence.

Cet état d’urgence, qui permet au gouvernement de modifier toute règle de droit et tout contrat ou d’en faire fi afin de protéger la santé de la population, a suscité la controverse tant par l’étendue des mesures qui ont été prises que par leur durée. Le port du masque a été rendu obligatoire, un couvre-feu a été instauré à deux reprises, un passeport vaccinal a été exigé dans certains lieux et certains travailleurs en santé se sont vu empêcher de prendre leurs vacances.

Obligation vaccinale et controverse

La mesure la plus controversée fut la vaccination obligatoire des travailleuses et travailleurs en santé. Pour la majorité de la population, elle semblait rationnelle et compatible avec l’objectif de préserver la santé de la population. Pour une minorité très bruyante, cependant, cette mesure constituait plutôt une tentative inacceptable pour violer son intégrité physique ou pour imposer une « thérapie génique » faisant partie d’un grand complot.

Mais dès lors que les droits des travailleuses et travailleurs syndiqués sont remis en question, il appartient aux syndicats d’engager une réflexion sur la stratégie afin de préserver les droits, ce qu’on appelle le devoir de juste représentation.

Une analyse juste et nécessaire

La vaccination obligatoire soulevait plusieurs enjeux. Il était légitime et nécessaire compte tenu des obligations imposées par le Code du travail aux syndicats d’en faire l’analyse. En favorisant l’adhésion volontaire à la vaccination plutôt que son imposition, les syndicats ont été caricaturés par certains chroniqueurs comme des « défenseurs du complotisme » et des « antivax ». Pourtant, les syndicats étaient les premiers à se battre en faveur de la vaccination; ils ont milité pour que leurs membres puissent y avoir accès prioritairement.

Ne pas contester une politique par peur d’être associé à des opposants aux mesures sanitaires n’est pas une raison qui permet de mettre de côté le devoir de juste représentation. Dans bien des dossiers liés à la pandémie, il existe des arguments rationnels et cohérents à faire valoir.

La crise a démontré que le complotisme peut diviser, mais les institutions ne doivent pas craindre de rester fidèles aux valeurs démocratiques lorsqu’il faut contrôler la légalité d’une décision. Cette capacité à demeurer objectifs, malgré les émotions et la désinformation, renforce le devoir de juste représentation des syndicats et, à long terme, aidera à faire progresser le droit quand la crise sera derrière nous.