« Avec l’annonce d’aujourd’hui, le gouvernement tente de nous faire oublier les deux dernières années pendant lesquelles il s’est affairé à charcuter nos services publics. Les réinvestissements annoncés sont les bienvenus, mais ils ne nous font pas oublier les mauvaises décisions qu’il a prises et les sérieux dommages qu’il a causés dans les services à la population, tant en petite enfance, en éducation et en santé que pour nos aînés. Il avait en main la marge de manœuvre nécessaire pour en faire beaucoup plus. »

Montréal, le 25 octobre 2016. – « Avec l’annonce d’aujourd’hui, le gouvernement tente de nous faire oublier les deux dernières années pendant lesquelles il s’est affairé à charcuter nos services publics. Les réinvestissements annoncés sont les bienvenus, mais ils ne nous font pas oublier les mauvaises décisions qu’il a prises et les sérieux dommages qu’il a causés dans les services à la population, tant en petite enfance, en éducation et en santé que pour nos aînés. Il avait en main la marge de manœuvre nécessaire pour en faire beaucoup plus. »
Telle est la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, à la mise à jour économique présentée par le ministre des Finances Carlos Leitão aujourd’hui.
Équilibre budgétaire et surplus, à un dur prix
La présidente de la CSQ rappelle que l’équilibre budgétaire et le surplus de 3,6 milliards confirmé aujourd’hui (en incluant les versements au Fonds des générations), dont le gouvernement se vante « ont été atteints à un prix très élevé pour les citoyennes et citoyens. En effet, le ministre Leitão confirme aujourd’hui que les dépenses, en 2015-2016, ont été inférieures de deux milliards de dollars à ses prévisions budgétaires, qui étaient déjà insuffisantes. Bref, ce surplus avec lequel on annonce le réinvestissement d’aujourd’hui s’est carrément fait sur le dos des élèves, des patients, de nos aînés, et des plus vulnérables de la société qui n’ont plus accès à des services pourtant essentiels. »
Louise Chabot rappelle d’ailleurs que ce constat a été clairement posé récemment par la Protectrice du citoyen : « Le plus étrange, c’est que bien que le premier ministre Philippe Couillard se soit empressé de nier cette réalité, son propre gouvernement juge nécessaire aujourd’hui de réinvestir dans nos services publics pour réparer quelque peu les dégâts causés par ses propres politiques d’austérité. »
Comme la CSQ l’avait souligné dès mars dernier, en conférence de presse pré-budgétaire, le gouvernement Couillard dispose actuellement de sommes très importantes pour réinvestir massivement dans les services à la population. Il aurait très bien pu, par exemple, diminuer sensiblement les versements au Fonds des générations pour réinvestir davantage dans les services. Avec les annonces d’aujourd’hui, force est de constater que le gouvernement a choisi d’y aller de façon bien timide.
Des réinvestissements loin d’être à la hauteur
D’ailleurs, la hauteur du réinvestissement annoncé aujourd’hui est tout à fait insuffisante. « En santé par exemple, le gouvernement est fier d’annoncer un réinvestissement récurrent de 300 millions de dollars. Pourtant, le maintien du panier de services dans le réseau aurait nécessité, pour cette année seulement, une hausse du budget de la santé et des services sociaux de 1,3 milliard de dollars, soit une croissance de 3,9 %. On est encore bien loin du compte. Mentionnons qu’en santé, bien qu’il y ait un problème flagrant de manque de ressources financières, l’autre grand problème du réseau, c’est la vision biaisée du ministre et ses réformes axées sur la privatisation et sa gestion du réseau comme une entreprise privée.
Du côté de l’éducation, les crédits du dernier budget couvraient tout juste la hausse des coûts de système. Après des compressions totalisant près d’un milliard de dollars dans le réseau scolaire et plus de 400 millions en enseignement supérieur depuis 2010, les belles annonces de réinvestissement constituent seulement l’amorce d’un baume pour panser les plaies du réseau de l’éducation, pourtant un secteur névralgique pour l’avenir du Québec. Avec l’annonce d’aujourd’hui, on commence à peine à réparer les pots cassés, notamment par ce gouvernement », soutient Louise Chabot.
On se prive de ressources une nouvelle fois…
Enfin, la CSQ souligne l’abolition de la taxe santé, ce qu’elle réclamait depuis longtemps. Or, la Centrale souhaitait que celle-ci soit remplacée par d’autres revenus : « Nous déplorons qu’une fois de plus le gouvernement Couillard se prive de revenus pourtant si essentiels dans le contexte actuel. Nous aurions souhaité que l’abolition soit compensée par d’autres revenus, par exemple la réintroduction de la taxe sur le capital des institutions financières ou la hausse du droit d’immatriculation sur les véhicules de luxe. »
« Ce dont nos élèves, nos étudiants, nos patients, nos aînés ont besoin, ce n’est pas de baisse d’impôts. Ils ont besoin de pouvoir compter sur des services de qualité, accessibles et universels. Il est grand temps que le gouvernement le réalise et qu’il concentre réellement ses efforts sur le rétablissement de nos services publics pour le bien de l’ensemble de la population », conclut Louise Chabot.