Sans vous consulter, on vous impose des façons de faire et des normes d'efficacité qui ne cadrent pas avec votre type d'emploi, encore moins avec le sens que vous donnez à votre travail.

Sournoisement, une forme de désespoir s'installe, des questions se bousculent... « Est-ce moi le problème? Suis-je fragile moralement ou physiquement? Je ne suis peut-être plus capable de performer? Ai-je mal choisi mon métier? »

Mettre le doigt sur le problème

À toutes ces questions, Daniel Mercure1 répond de façon catégorique : il n'est absolument pas question de faiblesse morale ou physique des travailleuses et des travailleurs.

Ces difficultés résultent plutôt des modes d'organisation du travail, importés du secteur privé, qui ont transformé le secteur public en une chaine de montage continue et standardisée des services aux êtres humains : abolitions de postes, augmentation de la charge de travail, implantation de normes de rendement, sous-traitance... Et cela, avec la complicité du gouvernement, qui prône des modèles de gestion en contradiction avec l'essence même du service public, du service à autrui.

La précarité, un mal rampant

S'installe alors la précarité d'emploi : heures de travail insuffisantes pour obtenir un revenu décent, horaires brisés, contrat à durée déterminée rendant difficile tout projet d'avenir pour soi et sa famille...

Daniel Mercure va plus loin en précisant que cette précarité comporte aussi une dimension « subjective ». Beaucoup moins connue, et pourtant très répandue, la précarité « subjective » du travail peut être vécue même quand une personne occupe un emploi stable, à temps complet et bien rémunéré.

Elle survient, notamment, lorsqu'il y a un déséquilibre entre les tâches et les ressources octroyées; qu'une forte charge de travail s'accompagne d'une absence de considération pour le labeur accompli; ou que le travail doit être réalisé de telle sorte qu'il brime l'éthique professionnelle.

L'action collective est la solution

Les difficultés que vous vivez au travail sont des problèmes collectifs, vécus par l'ensemble du personnel du secteur public, qui découlent des modes déshumanisés de gestion. Quoi faire alors? Il faut s'organiser, dans nos milieux de travail, pour trouver des solutions ensemble et faire front commun pour changer les choses. Des syndicats de la CSQ ont fait des démarches avec leurs membres, et ça marche! À nous de jouer!


1 Daniel Mercure est professeur au département de sociologue de l’Université Laval. Il était l’un des conférenciers du forum Prévenir et guérir par l’organisation du travail de la CSQ.