Après deux ans, on se serait pourtant attendu à ce que le gouvernement ait appris un tant soit peu des expériences passées. Prévisibilité, cohérence, clarté dans ses communications.

Pour le personnel de l’éducation, la réussite éducative est au centre des priorités, c’est une évidence. Et la place des élèves est à l’école. C’est un bienfondé que nous n’avons jamais remis en question. Mais le gouvernement aurait dû présenter un plan clair et bien expliqué, et il n’aurait pas dû s’y prendre encore une fois à la dernière minute pour le faire. C’est d’ailleurs précisément ce que l’on reproche depuis des semaines au gouvernement.

Réfléchir, planifier, expliquer…, c’est sur ces bases que ce sont déployées nos différentes actions et interventions au cours des dernières semaines, tant dans les fédérations du réseau scolaire qu’à la Centrale.

Fin décembre, rappelons-nous la saga pour faire inclure le personnel de l’éducation dans les groupes prioritaires pour l’accès à la troisième dose de vaccin en vue du retour en classe initialement prévu le 11 janvier. La CSQ a été très active dans le dossier… et ensuite on nous dira que les syndicats ne font rien pour encourager la vaccination!

Puis il a aussi fallu intervenir pour s’assurer que le personnel de l’éducation et des services éducatifs à la petite enfance est considéré comme prioritaire pour avoir accès aux tests de dépistage PCR.

Dès le 30 décembre, nous réclamions aussi une accessibilité accrue aux tests rapides pour éviter que les écoles et les centres ne redeviennent des lieux importants d’éclosions. Beaucoup d’interventions ont dû être faites pour que, finalement, l’ensemble des élèves du réseau scolaire ainsi que le personnel aient accès aux tests rapides. Maintenant, quant à la rapidité de leur disponibilité, c’est une autre histoire…

Nous avons aussi réclamé que des masques N95 soient disponibles pour celles et ceux qui le souhaitent. Nous avons fait un gain pour le personnel en contact avec certaines catégories d’élèves dans des contextes particuliers, mais le gouvernement s’obstine à en rester là. Il aurait pourtant été si simple de rassurer le personnel sur ce point.

Alors que le gouvernement nous parlait sans cesse d’un éventuel retour en classe, nous avons aussi dû lui rappeler à plusieurs reprises, dans les premiers jours de janvier, qu’il fallait s’occuper immédiatement de la sécurité du personnel déjà à pied d’œuvre dans les milieux, dans les services éducatifs en petite enfance, dans les services de garde d’urgence en milieux scolaires et dans plusieurs écoles et classes spécialisées, alors que la contagion et la propagation d’Omicron étaient fulgurantes.

Il s’agit bien entendu d’un travail d’équipe et de coordination, les fédérations du réseau scolaire s’attaquant aussi à différents enjeux de leur côté, notamment en ce qui concerne une prime COVID‑19 pour le personnel de soutien qui travaille en première ligne pendant les périodes de téléenseignement, les aspects pédagogiques du côté du personnel enseignant dans un contexte de multiplication des cas et d’absences ainsi que les défis que posent les réalités des classes et des écoles spécialisées.

Puis il y a l’incontournable dossier de la qualité de l’air. Tellement de temps et d’énergie perdus à débattre et à esquiver ce sujet! Deux ans plus tard, où en sommes-nous?

Alors qu’il existe un consensus scientifique clair selon lequel le virus se propage notamment par aérosols, le ministre en est encore à annoncer l’installation de lecteurs de CO2 et à dire d’ouvrir les fenêtres alors qu’il faudrait procéder d’urgence à l’installation d’échangeurs d’air et d’unités portatives dans les classes et les locaux où la qualité de l’air est déficiente.

Mais le 13 janvier, ce fut la cerise sur le gâteau lorsque le gouvernement a confirmé la réouverture des écoles pour le 17, ne laissant que 4 jours au réseau pour se préparer. En conférence de presse, pas d’explication sur le nouveau protocole de gestion des cas et des contacts qui prévoyait une réduction de la période d’isolement.

C’est par la suite que tout le monde a réalisé l’ampleur des changements qui s’annonçaient pour la réouverture, donc à minuit moins une!

Parce que, si on change de paradigme dans la gestion de la COVID-19 et de la pandémie, il faut que ces changements soient clairs, que les mesures soient cohérentes et que tous, personnel et parents, en soient bien informés. C’est une responsabilité accrue qui repose sur leurs épaules.

La pire des options pour les semaines à venir serait de devoir fermer des classes et des écoles en raison de bris de services par manque de personnel. Ça, ce serait vraiment problématique pour nos jeunes!

Après toutes ces interventions auprès du gouvernement et de la Santé publique, le ton jovialiste du premier ministre en conférence de presse a de quoi faire grincer des dents.

Nous reprocher de nous opposer au retour en classe alors que nous travaillons d’arrachepied à faire en sorte que des mesures sécuritaires soient déployées, c’est assez ironique, merci! Surtout dans un contexte où ce gouvernement gère à coup de décrets depuis deux ans.

Les prochaines semaines seront tumultueuses. Vous le savez tout autant que nous, comme en témoignent les quelques jours qui viennent de passer.

Mais il aurait pu en être autrement, si le gouvernement s’était fait un devoir de donner les équipements pour rassurer celles et ceux qui en ont besoin et de prendre le temps, surtout, de bien communiquer comment les choses se dérouleront dans les mois à venir. Des directives claires : ça fait deux ans qu’on le répète!