« Ça ne sert à rien! »; « Pourquoi perdre du temps avec ça? »; « De toute façon, le gouvernement va faire ce qu’il veut! », etc. J’entends les commentaires de celles et ceux qui trouvent que l’exercice budgétaire est un processus obligé, qui ressemble surtout à une mascarade orchestrée et qui ne donne pas grand-chose au final. Mais la politique de la chaise vide ne sert jamais vraiment bien ceux qui la pratiquent.

D’autant plus que notre centrale, c’est près de 200 000 personnes qui travaillent, dans une très grande proportion, dans des secteurs qui dépendent du financement de l’État : petite enfance, éducation, enseignement supérieur, santé, milieu communautaire, sans oublier les ainés.

Le lundi 14 février dernier, j’ai rencontré le ministre des Finances, Éric Girard, avec les présidents et la présidente des trois autres centrales syndicales – FTQ, CSN et CSD –, dans le cadre des consultations prébudgétaires. C’est à cette étape du processus qui mène vers le budget 2022-2023 du Québec que nous faisons part au gouvernement de nos priorités.

Beaucoup plus près de nous qu’on le pense!

Ensemble, nos organisations représentent plus de 1 165 000 travailleuses et travailleurs dans toutes les régions du Québec, dans le secteur tant public que privé. Comme l’an dernier, nous avons présenté un mémoire conjoint qui contient, cette fois, 16 recommandations articulées autour d’éléments qui nous touchent toutes et tous.

Autrement dit, l’exercice budgétaire nous concerne de très près parce qu’il affecte toutes les sphères de nos vies quotidiennes. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour mettre de l’avant nos idées pour le Québec de demain que nous voulons. Et comme organisation syndicale, c’est exactement ce que nous faisons.

La crise sanitaire des deux dernières années a démontré la nécessité de changer d’approche en matière de finances publiques. Ce qui est clair, c’est que le prochain budget doit être un appui ferme à une véritable relance afin de bâtir une économie plus durable, résiliente, solidaire et verte.

Prendre soin du monde, dans tous les sens du terme

Il faut privilégier des mesures qui répondent d’abord et avant tout aux besoins de la population québécoise. Et ça passe par de nouvelles approches pour gérer la dette publique et surtout, à l’approche des négociations du secteur public, éviter un retour à l’austérité budgétaire.

Il faut aussi un réinvestissement dans les services publics. La pandémie a braqué les projecteurs sur l’héritage de décennies de compressions dans nos réseaux, révélant les failles de ceux-ci et l’essoufflement du personnel.

Certains secteurs d’activités économiques, plus touchés par les mesures sanitaires, roulent toujours au ralenti, mais l’économie dans son ensemble, les revenus de l’État de même que le marché du travail ont retrouvé un dynamisme certain. N’empêche, la pandémie aura entrainé des bouleversements qui s’échelonneront sur plusieurs années, même après un retour à une certaine normalité.

Attention donc à une fin abrupte du financement des mesures de soutien et de relance, tant en santé et services sociaux, en éducation, en enseignement supérieur que dans les autres ministères, qui pourrait avoir des conséquences importantes et contreproductives.

Dans la même perspective, nous pensons qu’il faut déployer des efforts sur le plan des mesures de soutien à long terme afin que les entreprises demeurent viables et en activité pour alimenter la croissance économique à venir.

Le dialogue social est essentiel à la relance

Mais surtout, un des messages les plus importants que nous avons été porter au gouvernement, c’est que l’instauration d’un dialogue social ouvert et constructif sera nécessaire dans l’ensemble des démarches liées à cette relance.

Il faut que les travailleuses et les travailleurs puissent faire valoir leurs besoins et leurs préoccupations en matière d’emploi, de formation, de protection sociale ou de soutien du revenu. Et, nous le savons trop bien, ce n’est pas parce qu’il y a pénurie de personnel dans nos réseaux qu’il n’y a plus de précarité!

Comme organisation syndicale, nous avons des idées, des solutions, des orientations et des aspirations, aussi, qui sont le reflet de ce que vivent et réclament les membres. Nous connaissons nos secteurs d’activités, nous avons des propositions ainsi que des solutions. Nous pouvons jouer un rôle de premier plan dans cette relance. Mais un dialogue, ça implique des échanges qui vont dans les deux sens.

Je le disais d’entrée de jeu, ensemble, nous sommes des dizaines de milliers de personnes, des travailleuses et des travailleurs, des citoyennes et des citoyens, des parents, des électrices et des électeurs.

Les Québécoises et les Québécois ont besoin que l’on investisse dans l’avenir. La balle est lancée et elle est maintenant dans le camp du gouvernement!


Consultez nos propositions détaillées dans le mémoire intersyndical présenté au ministre des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires.