Les montants facturés sont au minimum 35 % plus élevés pour les personnes assurées au privé plutôt qu’au public. Plusieurs facteurs expliquent cette différence de prix. Parmi eux : les honoraires pharmaceutiques. Au public, ils sont déterminés par règlement. Un pharmacien qui renouvèle une ordonnance, par exemple, facture 8,96 dollars au client. Ce montant est fixe et demeure le même d’une pharmacie à l’autre.

Par contre, si le client est couvert par une assurance privée, le pharmacien est libre de déterminer le montant de ses honoraires. Pour renouveler une ordonnance, ils peuvent être jusqu’à 225 % plus élevés!

D’autres éléments font grimper la facture des personnes assurées au privé, notamment :

  • des frais administratifs moyens presque 10 fois plus chers qu’au public;
  • un plus faible taux d’utilisation des médicaments génériques;
  • une taxe de 9 % appliquée sur le montant des primes.

« Cette situation est inacceptable, affirme Sonia Ethier1, présidente de la CSQ. C’est la preuve que le régime public-privé d’assurance médicaments du Québec n’a pas atteint l’un de ses principaux objectifs, qui est de mieux contrôler les couts. On ne peut pas demander aux gens de faire le choix entre se soigner ou manger. »

Des problèmes d’équité

Le régime public-privé actuel pose des problèmes d’équité. Au public, par exemple, les primes sont calculées en fonction du revenu familial disponible. Dans les programmes privés, elles sont plutôt établies en fonction de l’expérience passée. Plus les réclamations en médicaments sont nombreuses, plus la prime est élevée. Cette situation désavantage les membres de groupes dont les travailleuses et les travailleurs ont davantage de problèmes de santé.

De plus, au privé, chaque personne assurée d’un même groupe paie la même prime, peu importe son salaire. Les travailleuses et travailleurs à revenu modeste ou à statut précaire sont malheureusement pénalisés.

Plus cher ici qu’ailleurs

Le Canada est le pays développé où les prix des médicaments sont les plus élevés. Ici, 100 dollars de médicaments brevetés ne coutent que 81 dollars à l’étranger, et seulement 67 dollars si ce sont des génériques.

Les couts des médicaments plus élevés ici qu’ailleurs sont notamment le fruit de tentatives historiques de favoriser l’essor de l’industrie pharmaceutique. Or, les résultats en termes de création d’emplois n’ont pas été au rendez-vous.

Des primes qui ne cessent d’augmenter

Depuis les vingt dernières années, la hausse annuelle moyenne des primes d’assurances collectives se situe entre 6,5 et 7,5 %.

La hausse des primes touche aussi les personnes assurées sous le volet public de la Régie de l’assurance maladie du Québec. À titre d’exemple, entre 1997 et 2019, la prime annuelle est passée de 175 à 616 dollars. Une telle croissance dépasse largement l’inflation et les hausses salariales octroyées, tant dans le secteur privé que dans le secteur public.

La solution?

« La mise sur pied d’un régime d’assurance médicaments entièrement public, comme le revendique la CSQ depuis vingt ans, permettrait d’offrir une couverture universelle accordant le même niveau de protection à toutes et tous ainsi qu’un accès équitable aux médicaments d’ordonnance et d’améliorer l’efficacité du système de santé », affirme Sonia Ethier.

De tous les pays développés, le Canada est le seul, à l’exception des États-Unis, qui n’offre pas une telle couverture. Toutefois, le gouvernement fédéral y réfléchit.

Au Canada, il existe quelque 70 programmes d’assurance médicaments publics, 113 000 régimes privés et 130 fournisseurs d’assurance maladie. La création d’un seul groupe d’achat public pourrait offrir un plus grand pouvoir de négociation auprès des entreprises pharmaceutiques.

« Un meilleur contrôle des couts génèrerait d’importantes économies annuelles pour le Québec, poursuit Sonia Ethier. Les montants épargnés représenteraient entre 811 millions et 3 800 millions de dollars que nous pourrions réinvestir dans les services publics, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, où les besoins sont majeurs. C’est toute la population qui au bout du compte en profiterait. »

Le mouvement syndical se mobilise

Afin de convaincre les gouvernements qu’il est temps de passer à une assurance publique et universelle, la CSQ, la FTQ et la CSN unissent leurs forces dans le cadre de la campagne La pièce manquante. Au cours des prochains mois, elles tiendront diverses activités de sensibilisation afin d’en informer la population. Pour en savoir plus, visitez : assurancemedicaments/lacsq.org.


1 Sonia Ethier est présidente de la CSQ.